LES GISEMENTS DE VERTEBRES FOSSILES DU
TERTIAIRE CONTINENTAL DU TARN
LES DECOUVREURS. UN HISTORIQUE
La présence de « restes fossiles pétrifiés » de vertébrés est connue depuis le milieu du 18ème siècle dans les sédiments continentaux du versant audois de la Montagne noire.
C’est aux environs de Issel que plusieurs collecteurs ont adressés à Cuvier, le père fondateur de la Paléontologie scientifique, des ossements qui ont participé à la description des premiers Lophiodons et Paléothériums de l’Ere tertiaire (1804, 1822).
Une dent de « Rhinoceras unicorne » provenant du Cabinet de curiosité du Comte de Joubert est figurée par Cuvier dans l’édition de 1812 de ses « Recherches sur les ossements fossiles » (tome 2, p. 14, planche III, fig. 3), avec la légende suivante « dent inférieure encore peu usées. Elle vient des environs d’Avignonet ».
On doit à Félix Dujardin, professeur de minéralogie éphémère de la Faculté de Toulouse (en 1839), la description d'un crâne de mammifère carnivore découvert dans une carrière des environs de Rabastens. « Le squelette fut trouvé presque entier… la tête seule fut conservée ». De Blainville, qui a pu obtenir le prêt du fossile original de la part de Dujardin et de Leymerie, le décrit de façon précise dans son « Ostéographie ou Description iconographique comparée... » (1839-64, tome II, Subursus, p. 103 ; Canis, p. 113). Il le nomme Hyaenodon brachyrhynchus et le figure planche XVII (reproduite ci-dessous).
Un moulage est toujours déposé au Muséum de Paris mais l'original est conservé dans les collections de géologie de l'Université de Toulouse, où il figure depuis.
Il faut attendre 1851 pour voir publiée une première découverte dans le Castrais. Le toulousain Jean-Baptiste Noulet fait alors mention d’une mâchoire prélevée en 1845 par le Comte de Foucault, aux environs du Château de Braconnac, près de Lautrec. L’échantillon, reconnu comme un Lophiodon, sera décrit sous le nom nouveau de Lophiodon lautricense, « dont l’âge reste à préciser », mais dont l’affinité avec la faune d’Issel parait évidente à son auteur. L'exemplaire original est figuré par Filhol (1884). Il est toujours conservé dans les collections du Muséum de Toulouse.
Léonce Roux du Carla (1835-1859)
A partir de 1855, sous l’impulsion du jeune naturaliste Léonce Roux du Carla, les découvertes de restes de mammifères se font de plus en plus nombreuses aux environs de la ville de Castres. Ses recherches systématiques lui permettent, dès le mois de Février de l’année 1855 de faire un premier envoi de fossiles de vertébrés à l’Académie des Sciences de Toulouse. Examinés par Noulet, ces restes comptent, notamment, divers fragments de mammifères parmi lesquels le genre Palaeotherium est reconnu. Cette découverte permet à Noulet (1858) de confirmer formellement l’âge Eocène supérieur de la molasse du Castrais, que les mollusques lui suggéraient (Noulet, 1854). En remerciement, le jeune Roux reçoit de l’Académie, une médaille d’Argent en Juin 1855. Il n’a alors que 20 ans (il ne sera bachelier qu’en Août 1855).
Vivement encouragé par Noulet, il poursuit activement ses recherches et découvre l'année suivante divers fossiles importants. Des sables des Bessous, aux environs de Viviers-les-Montagnes, il extrait (septembre 1855 et mars 1856) plusieurs mandibules qui serviront de support à la description, par Noulet (1863), de l’espèce nouvelle Palaeotherium castrense.
En 1856, Roux tombe malade et doit renoncer à ses études supérieures à Toulouse. De retour à Castres, il recueille encore, jusqu’en 1857, de nombreux échantillons dans plusieurs gisements de Lautrec et des environs de Castres : La Marcelle, le Roc de Lunel, Sagnes. Pendant ces années, « ce bon, studieux et intelligent jeune homme » jouit de la confiance et de l’estime de Noulet et lui confie la totalité de son matériel (Noulet, 1863, p. 4). Dans sa « Géologie du Bassin de l’Agout » déposée, pour publication, en Novembre 1858 (accepté en 1859 et publiée à titre posthume en 1860), « comptant sur sa bonne amitié », Roux lui fait de nombreux emprunts. Ces données, Noulet ne jes publiera pas avant 1863.
De ses collections personnelles, conservées au musée de Castres, il ne reste plus que la mâchoire type du Palaeotherium castrense. Plusieurs échantillons-type de Sagnes sont miraculeusement conservés à Toulouse, comme l'Adapis rouxi, au Muséum de Toulouse et le " Crocodilius " rouxi, à l'Université.
Jean-Baptiste Noulet (1802-1890)
Ce médecin toulousain, botaniste, malacologiste, alors président de l’Académie des sciences de Toulouse, s’intéresse à la zoologie des mammifères dans les années 1850. Il fait à cette même période la découverte, dans le gisement de l’Infernet (Haute-Garonne), de la coexistence de l’homme du Paléolithique et de formes d’animaux fossiles aujourd’hui disparues.
En 1863, année de sa première publication sur « l’ancien pays Castrais », il déclare avoir « étudié un nombre considérable de fossiles retirés …. ces dernières vingt années » des molasses du Castrais (1863, p. 4). Noulet est le principal contributeur à la connaissance des faunes du Tertiaire du Castrais, en énumérant depuis 1851 les fossiles de vertébrés et en décrivant, à partir de 1863, les principales espèces qu’il a recueilli lui-même ou qui lui ont été présentées par « plusieurs hommes d’étude… qui sont devenus mes utiles collaborateurs » (Noulet, 1863, p. 4). Parmi eux, nous ne reviendrons pas sur le jeune et prometteur Léonce Roux, son principal collaborateur de 1854 à 1857, ou sur les rares dons de Alfred Caraven (en 1862). |
Nous évoquerons surtout J. Parayre (1802-1878), pharmacien à Castres, qui a longuement suivi les travaux d’exploitation des carrières de Sicardens, mais aussi du Roc de Lunel. Ses récoltes, vraisemblablement assez anciennes, sont difficiles à dater. Un seul indice, donné par Roux (1860, p. 143) qui évoque pour la carrière de Sicardens «… l’un de nos ouvriers racontait avoir travaillé, il y a vingt ans, dans une carrière aujourd’hui comblée… ».
Il faut citer également M. Mazas, étudiant en médecine à Toulouse, qui récolte des fossiles autour de Vielmur, M. Alby, ingénieur des ponts et chaussées qui livre à Noulet des fossiles de Vielmur et de l’Issartade.
Plus tard (Noulet, 1867), nous trouvons le nom de M. Jean, juge de Paix à Lautrec qui présente à Noulet des fossiles de Braconnac, de Montespieu et du Mazou (Jonquières), le chanoine Boyer, supérieur du Petit Séminaire de Castres, des fossiles très divers provenant des environs de Castres mais aussi du Cordais et de Saussenac ; le Dr. Charles Marturé de Castres, des fossiles du Roc de Lunel ; M. Gabriel Golse, professeur de l’école des Arts à Toulouse, des fossiles de la Massale et d'En Bel, près de Saix (dons datés 1866).
La construction de la ligne de chemin de fer de Castres à Albi sera ensuite une source importante d’échantillons avec la découverte en 1868 par M. Zebrowsky, « conducteur de ligne », des riches gisements des environs de Lautrec : Montespieu, La Millette, La Maurianne, la gare de Lautrec. Ces nouvelles récoltes du Lautrécois viendront grossir de façon considérable les collections du Muséum de Toulouse. Leur étude paléontologique donnera la dernière publication de Noulet sur les vertébrés du Castrais (Noulet, 1870).
Noulet est convaincu de l’âge seulement éocène supérieur des molasses du Castrais et de l'Albigeois. Ses découvertes de restes de Paléothéridés (Plagiolophus) dans les molasses des environs de Briatexte (actuel Stampien) le confortent dans cette conception et il échoue à trouver la limite supérieure de l'Eocène.
Il n'étudie pas les formations molassiques du Nord-Ouest du Tarn mais il enrichit la collection du musée de Toulouse de plusieurs dons importants de fossiles des terrains oligocènes. On retrouve ainsi les noms de M. Meréquier, pour de nombreux fossiles des environs de Rabastens ; de M. Compayre, pour des fossiles du Pech de Faux et de M. Jaybert, ce « collectionneur intelligent », pour un don à l'Académie d'ossements provenant de Roquemaure (Réal), don recompensé par une médaille d'argent.
Ces collections deviendront un terrain d’étude « ex situ » exceptionnel pour de nombreux chercheurs. Elles y seront inventoriées et successivement étudiées ensuite par Stehlin, Astre, Richard, Frantzen, Rémy,...
Il arrête toute étude sur les mammifères de l’Eocène lorsqu'il est promu, en 1872, directeur du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, pour se consacrer surtout à l’Archéologie préhistorique.
Paul Gervais 1816 - 1879
Le célèbre paléontologue du Muséum de Paris complète la description des ossements du Lophiodon lautricense de Braconnac (1862, p. 820) décrit par Noulet une dizaine d’année auparavant (1851), espèce alors considérée comme le plus grand mammifère fossile du Tertiaire inférieur. Il figurera l’essentiel de ce matériel dans la deuxième édition de sa « Zoologie et Paléontologie générales » (Gervais 1867-69) (voir aussi d’Archiac, 1868, p. 384). Gervais ne nous dit pas comment il a obtenu ces fossiles de Lautrec, qui auraient ensuite été vendus au muséum de Marseille. Dans la même monographie, il figure également « quantité d’ossements du Castrais recueillis (dans les années 1863-65) par M. Caraven, pour la plupart non localisés », mais provenant, d’après Filhol (1888), de La Massale, près de Viviers, et de Lafosse, au nord de Castres. |
Philadelphe Thomas (1824-1912).
Le musée de Gaillac
Après des études de Médecine à Paris, il se consacre à ses passions de chercheur et de collectionneur comme le lui permet sa fortune personnelle. A Gaillac, il rassemble d'importantes collections dans tous les domaines des sciences naturelles et fait construire un musée pour les abriter. Sans héritier direct, il le lèguera à la ville de Gaillac qui en hérita, à son décès, en 1912. C'est aujourd'hui, un des trois Muséums d'histoire naturelle de Midi-Pyrénées avec le grand établissement de Toulouse et celui de Montauban.
Il publie en 1867 la découverte, à Montans, d'un maxillaire inférieur et de plusieurs molaires supérieures d'un « Rhinoceras minutus » qui figure toujours dans les collections du Muséum de Paris et dont Lacroix donne un dessin dans sa « Géologie du Tarn » (1896, fig. 42). Ses collections renferment les moulages de nombreux fossiles, de la même localité, dont les originaux alors communiquées à l’Ecole des Mines ou au Muséum de Paris, sont pour la plupart inédits.
Sa collection renferme aussi un abondant matériel, encore inédit, du Stampien inférieur du "Port" de Gaillac et de nombreux fossiles provenant des Lignites de Cestayrols et de Terses. Par contre, les fossiles de Bracou (Ronel), signalés au musée de Gaillac par Cabié (1893, p. 10), n’ont pas été retrouvés.
A noter que c’est Stehlin (1906, p. 976-977) qui a fait connaître la présence, au musée de Gaillac, d’une mandibule de Xiphodon gracile. On ne sait cependant s'il a visité le musée car il ne fait aucune allusion aux fossiles de Gaillac et de Montans que Ph. Thomas avait pourtant recueilli dès 1883.
« Conducteur principal des Ponts et Chaussées », Félix Lacroix s’intéresse d'abord à l’Archéologie tarnaise, puis publie en 1896 un résumé de « La Géologie du Tarn » dans lequel il synthétise et résume toutes les données stratigraphiques connues sur le département, du Paléozoïque au Quaternaire. Dans cet ouvrage, il énumère et dessine « une certaine quantité de fossiles » qu’il a recueilli en parcourant le Tarn « depuis une vingtaine d’années ».
Nous y trouvons notamment le détail de ses découvertes dans le Tertiaire continental du Tarn, en particulier de nombreux restes de vertébrés fossiles provenant de gisements dont il est l’inventeur : Rabastens, Saint-Gery, Lisle-sur Tarn (Les Combaylet), Saussenac (Cardalou), Dénat,…
Sa collection de fossiles a été déposée au Musée d’Albi où elle demeure encore, bien que non séparée et mélangée à la collection de Caraven-Cachin.
Certains de ses fossiles recueillis dans le Tarn, ont permis d’importantes avancées stratigraphiques. Ils ont été revus par Stehlin, puis pris en compte par l’inventaire Richard, mais le nom de leur collecteur avait déjà été oublié.
En 1899, il est conservateur adjoint du Musée d'Albi. Stehlin nous dit avoir visité la collection Caraven-Cachin du Musée d'Albi en sa compagnie en Aout 1904.
Alfred Caraven-Cachin (1839-1903)
Compagnon de route des derniers jours de Léonce Roux, de 4 ans son ainé, Alfred Caraven lui voue une profonde admiration qu’il exprime de façon passionnée (Caraven-Cachin, 1875) et qui sera à l’origine de sa vocation de naturaliste. Naturaliste féru de malacologie, de zoologie et de botanique, il fait quelques récoltes dans les grès de la Massale dès 1857-58, qu’il présente à Roux (Roux du Carla, 1860, p. 149) mais ne semble pas s’intéresser réellement aux fossiles du Castrais avant 1862, année où Noulet (1863, p. 7) note le don, à Académie de Toulouse « par M. Caraven de fragments de dents de Lophiodon lautricense, achetés à un marchand de Lautrec (Noulet, 1863, p. 7)… et des débris dentaires provenant de la carrière de la Massale » (Noulet, 1863, p. 9, 11). Ses premières recherches originales ne tardent pas à commencer, en témoigne la publication (dans une revue locale) de la découverte de restes de Lophiotherium, de tortues et de crocodiles à Castelpers en 1864. Il est alors âgé de 25 ans.
Pour des raisons inconnues, après le décès prématuré de Léonce Roux, il se détourne de Noulet et présente ses découvertes au Muséum de Paris où elles sont examinées par Paul Gervais qui les figure dans sa « Zoologie et Paléontologie générale » (1867-1869, pl. XXIX et XXX).
Surtout connu pour ses recherches et ses publications en archéologie, Caraven-Cachin (en 1866, il accole à son nom celui de son bisaïeul, le Baron de Cachin) ne publiera pas dans le domaine de la géologie du Tertiaire avant 1878. Ce premier travail, sur les fossiles de vertébrés des environs de Castres, coïncide avec une collaboration avec le paléontologiste toulousain Henri Filhol auquel il confie, en 1878, ses découvertes. On lui doit, en effet, une partie du matériel découvert dans la carrière de la gare de Lautrec dont Filhol publie la liste la même année (Filhol, 1878) et le prêt de divers fossiles des environs de Castres (La Massale, la Fosse) que Filhol figurera en 1888 dans sa monographie sur les vertébrés d’Issel.
Caraven-Cachin sera ensuite l’auteur de diverses notes brèves, en particulier sur les fossiles de la Massale (tortue, crocodile), métairie dont il est devenu propriétaire. Ses recherches sur les fossiles du Tertiaire du Castrais se seront échelonnées entre 1878 et 1881.
En 1883, Caraven-Cachin quitte Castres pour s’établir à Salvagnac. De 1886 à 1896, ses travaux porteront essentiellement sur le nord du département.
Dans sa synthèse géologique de 1898, il cite un nombre impressionnant de fossiles de vertébrés provenant de très nombreux gisements habituellement mal ou non localisés, et dont les déterminations restent, pour la plupart, sujettes à discussion.
L'examen de sa collection, conservée au Musée d’Albi, devait permettre de mieux connaitre le véritable apport de Caraven-Cachin à la stratigraphie du Tertiaire du Tarn. Un préinventaire est effectué en 2011.
D’après Stehlin, qui n’avait pu la visiter en 1904, elle « équivaut à peu près à celle de la collection Noulet » (1904a, p. 474). Certains échantillons ont été réexaminés, depuis, par Stehlin (en 1905), Roman (vers 1910), Astre (vers 1930) et Frantzen (en 1965). Par contre, elle n'a pas été visitée par Margerite Richard lors de son inventaire de 1946.
Notre pré-inventaire nous a permis de retrouver les principaux fossiles décrits par Caraven-Cachin dans ses articles sur le Bartonien du Castrais, entre 1878 et 1881. Quelques uns de ces fossiles ont été revus par Stehlin, Astre et Frantzen, mais la plupart d'entre eux n'ont pas étudiés, en particulier les fossiles de Montfanet et la très riche faune de la sablière de la Gare de Lautrec .
Pour ce qui est des fossiles du Ludien et de l'Oligocène tarnais, notre étude nous permet de
constater que :
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la plupart des fossiles du musée d'Albi n'ont pas été collectés par Caraven-Cachin mais par Félix Lacroix, Conducteur des Ponts et Chaussées, conservateur adjoint du musée d'Albi en 1899 ;
- il n'existe nulle trace de la plupart des longues listes de fossiles données par Caraven-Cachin, dans sa monographie de 1898.
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il est étonnant, à contrario, de constater que plusieurs gisements bien documentés dans sa collection ne donnent lieu, de la part de l'auteur, à aucune description particulière.
L'apport de Caraven-Cachin à la stratigraphie de l'Oligocène tarnais se limite ainsi à quelques découvertes personnelles.
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Certaines ne sont à ce jour pas publiées. C'est le cas de l'importante faune des Lignites de Cestayrols (découverte en 1886).
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D'autres sont connues grace à la citation d'un autre auteur : Cabié (1893) pour des fossiles de Salvagnac (découverts en 1890) ; Stehlin, pour les fossiles de Tauriac, suite à une visite au musée d'Albi (Stehlin, 1906, p. 665).
- Une autre, certainement la plus remarquable, grace à la réinterprétation par
Roman (1911), d'un fossile récolté à la Sauzière-Saint-Jean (vers 1893), devenu le type de l'espèce nouvelle Molassitherium albigense (ROMAN, 1911).
Une boite de la collection Caraven-Cachin, du Musée d'Albi : sablière de la Gare de Lautrec
Henri Filhol (1843-1902)
Alors professeur de zoologie à la faculté des Sciences de Toulouse, son nom est associé aux premières descriptions des faunes de vertébrés que l’on découvre dès les années 1870, dans les « Phosphatières du Quercy ». |
Il s'attèle à la fin du XIXè siècle à la cartographie à l’échelle du 80.000e, des molasses tertiaires de l’Aquitaine et tout spécialement du Castrais et de l’Albigeois. Il est aidé dans cette tâche par ses collaborateurs Joseph Répelin (1862-1942) et Joseph Blayac (1865-1936). Il établit la succession stratigraphique des formations sédimentaires du Castrais et fixe les datations qui resteront, à ce jour, quasiment inchangées. |
Paléontologue avisé et fin chercheur de fossiles, ses nombreuses découvertes de vertébrés lui permettent d'étayer son canevas lithostratigraphique sur des arguments paléontologiques.
N'oublions pas que lors de sa "carrière" parisienne, il avait largement exploré les carrières et gites fossilifères du Bassin de Paris. Sous la direction de Gervais, il avait décrit de nombreux vertébrés du " Gypse parisien " et découvert, à Vitry-sur-Seine, un squelette entier de Palaeotherium magnum, à ce jour encore conservé au muséum d’histoire naturelle de Paris.
Ses collections, ainsi que celles de Repelin, sont toujours conservées au musée de Marseille où elles ont été visitées par Stehlin, Richard,...
Hans Georg Stehlin (1870-1941)
Assistant, puis longtemps directeur du Naturhistorische Museum de Bâle, il est un éminent spécialiste des mammifères du Cénozoïque. Membre d’une famille de banquiers mécènes, il mène une politique d’enrichissement des collections de ce musée en parcourant les régions fossilifères d’Europe et en achetant des fossiles aux particuliers. Il s’intéresse aux faunes tarnaises entre 1899 et 1910. Ses travaux l’amènent fréquemment dans le Castrais où des collecteurs lui gardaient des échantillons qu’il récupérait à chacun de ses passages. Il nous apprend (lettre manuscrite écrite à Roman et Joleaud, 1909, p. 16, 38) qu’il a lui même extrait divers fossiles des conglomérats de Puylaurens. |
En 1903, il signale divers éléments de la "collection Caraven " (Viviers-les-Montagnes, La Fosse à Castres), qu'il a vu dans les collections de l’ancien musée d’histoire naturelle de Castres, mais également des débris d'Anthracotheriés provenant des environs de Puylaurens.
Il visite également la "collection Caraven Cachen" du Musée d’Albi dans laquelle il révise la détermination des échantillons provenant de Saint-Gery (1905a), de Rabastens (1905b) et de Tauriac (1906).
A Toulouse, il va faire un inventaire précis des collections de Noulet, au Muséum d’histoire naturelle, et va en reprendre l’étude paléontologique. Il redéfini et figure, notamment, un certain nombre d’espèces nouvelles décrites par Noulet en 1863 dans le Bartonien du Castrais, mais non figurées, qui, sans ses études, seraient à ce jour tombées en désuétude.
Il évoque largement les gisements tarnais dans son article fondateur sur la " Grande Coupure ".
Héritier de Noulet à plus d’un titre, il sera comme lui conservateur du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse (de 1944 à 1962) et s’intéressera pendant sa longue carrière au Tertiaire continental du Tolosan et à la paléontologie des vertébrés. Son nom est indissociable de celui de Mengaud qui met à sa disposition de nombreux fossiles : Ludien supérieur de la briqueterie de Pont-d'Assou (Astre, 1929, 1934), Stampien de Saint-Gauzens (Astre, 1924), de Briatexte (Astre, 1926, 1950), de Cambon (Astre, 1959), de Labastide-Gabausse (Astre, 1964),... |
Ses travaux les plus marquant seront pour les crocodiliens, abondamment représentés dans la collection Noulet, dont il redéfini et figure les principales espèces (Astre, 1931).
Un travail identique est accompli sur les Chéloniens par Bergounioux (1931, 1935), professeur à l'Université catholique de Toulouse.
Astre affirme, dès 1924, la nécessité de réviser et d’inventorier l’ensemble des récoltes effectuées en Aquitaine par des géologues aussi nombreux que géographiquement dispersés (Noulet, Caraven-Cachin, Vasseur, Stehlin, Filhol, Roman,…). Cette nécessaire synthèse, à l’échelle de l’Aquitaine, entière sera confiée à son élève Marguerite Richard à qui l’on doit, des origines à 1946, « une sorte de dictionnaire des gisements de Mammifères aquitains », inventaire bibliographique exhaustif des gisements et des collections renfermant des vertébrés du Tertiaire d’Aquitaine.
La période ne lui a malheureusement pas permis de se rendre à Bâle pour y examiner et pour dénombrer les échantillons de la collection Stehlin du Musée de Paléontologie.
Dans le Tarn, elle est la dernière à avoir visité la collection du musée de Castres avant son transfert au Lycée de Castres en 1943 (Richard,1946). Elle n'a visité ni le musée d’Albi, ni celui de Gaillac, ce dernier étant resté fermé entre le départ de Jules Bel, en 1922, et l’arrivée au Muséum de Ludovic Thomas, en 1942.
suite. Lithostratigraphie des formations à vertébrés du Tarn