Biographies

Jean-Henri Léonce ROUX, dit ROUX DU CARLA, botaniste, géologue (Burlats 1835 - Castres 1859)

Jean-Henri Léonce Roux est né le 15 février 1835 au Carla, commune de Burlats, de Jean Henri Alexandre, propriétaire en ce lieu, et de Marie Françoise Hortense Anaïs Fournès.

Il appartient à une famille de la bourgeoisie castraise. Son bisaïeul, Jean-Pierre Roux, conseiller du roi, avocat et procureur au sénéchal de Castres, avait fait l’acquisition, au XVIIIe siècle, du domaine du Carla, aux portes de Castres sur la route de Lacaune. Son grand-père et son père se consacrèrent à l’exploitation du domaine, se faisant couramment nommer Roux du Carla. Son père regagna cependant Castres après 1840 pour y occuper la fonction de préposé supérieur de l’octroi.

Elève au collège communal de la ville, Léonce Roux du Carla s’y fit remarquer par son application sérieuse et soutenue et son vif intérêt pour les sciences naturelles. Possédant déjà des bases de zoologie, de géologie et surtout de botanique, il gagna la faculté des sciences de Toulouse.
Ses travaux, ses collections de végétaux et de fossiles attirèrent l’attention des botanistes et des géologues de cette faculté et de l’Académie des sciences locale, en particulier du Docteur Jean-Baptiste Noulet, alors conservateur du muséum d'histoire naturelle de Toulouse, auquel il confia ses découvertes (gastéropodes, ossements de vertébrés) .

Léonce Roux fut admis le 23 juillet 1858 au sein de la jeune Société des lettres et des sciences de Castres. Le 25 novembre 1858, il reçut de celle-ci une médaille d’argent pour son étude sur la "Géologie du bassin de l’Agout" (télécharger le texte) qu’il avait présentée à son premier concours et qui fut imprimé dans le bulletin de 1860 (4e année, p. 3-32 et réédité par L. Mengaud en 1910 dans la Revue du Tarn, tome XXVII, 2ème série, n°3, 129-153). A cette occasion, Victor Canet, secrétaire de la Société déclara : « M. Roux est un jeune homme, mais l’étude de la nature est depuis longtemps pour lui une passion. Elle lui a déjà donné beaucoup de douceurs, elle lui promet pour l’avenir de plus amples satisfactions ».

Quelques jours après, il commenta lors d'une réunion de la Société, une note sur la durée de l’incubation chez la tortue mauresque. Ce fut sa dernière contribution publique. Six mois plus tard, il décéde à Castres le 24 juin 1859, à l’âge de 24 ans, victime d’une longue maladie.

Le domaine du Carla, théâtre de ses travaux botaniques, fut vendu en 1874 à la famille Fau, famille protestante ayant fait fortune dans la boulangerie qui en fit reconstruire les bâtiments ; devenu en 1972 la propriété des Laboratoires Pierre Fabre, il abrite aujourd’hui la direction générale du groupe et lui sert de lieu d’accueil. Hommage posthume au jeune homme qui avait travaillé sous ses frondaisons, le parc du domaine, remarquablement entretenu, figure aujourd’hui parmi les jardins remarquables du département du Tarn.

Aimé Balssa 01/2008


Les recherches systématiques de ce jeune naturaliste castrais, lui permettent, dès 1855 de faire un premier envoi de fossiles de vertébrés à l’Académie des Sciences de Toulouse. Examinés par J.B. Noulet, ces restes comptent, notamment, divers fragments de mammifères parmi lesquels le genre Palaeotherium est reconnu. Cette découverte permet à Noulet (1858) de confirmer l’âge Eocène supérieur de la molasse du Castrais, que les mollusques lui suggéraient (Noulet, 1854).
Vivement encouragé par Noulet, il poursuit activement ses recherches et extrait jusqu’en 1857 de nombreux fossiles qu’il confie à Noulet.

En 1856, Roux tombe malade et sa « Géologie du Bassin de l’Agout » sera publiée à titre posthume en 1860. Dans cet ouvrage, il fait preuve de connaissances et d’une maturité hors du commun (il n’a que 24 ans lors de sa rédaction) et revient, preuves à l’appuis, sur la conception purement tectonique de Boucheporn quand à la formation des vallées. Dans le chapitre sur le Tertiaire, « comptant sur sa bonne amitié », Roux fait « de nombreux emprunts » à Noulet qui ne publiera sur le sujet qu’en 1863.
Plusieurs données sont d’intérêt :
- On y trouve la première mention à la présence de gypse « au bas de la cote de Sicardens » (cette donnée sera présentée comme originale par A. Carven-Cachin que les publie en 1881 sous le nom de « Gypses de Sercloise »)
- A Castres, un niveau de lignite situé au sommet du calcaire de Castres lui fournit plusieurs fossiles que décrira Noulet.
- Constatant la parfaite horizontalité de l’Eocène du Castrais, il en déduit curieusement que « la Montagne-Noire a dû être soulevée avant les Pyrénées ».

De ses collections personnelles, conservées au musée de Castres*, il ne reste plus que la mâchoire type du Palaeotherium castrense, provenant des environs de Viviers-les-Montagnes, qui a servi de support à la description de Noulet (1863) et plusieurs échantillons miraculeusement conservés au Muséum de Toulouse.

*La collection de sciences naturelles de l’ancien musée de Castres est mise en dépôt au Lycée de Castres dans les années 40 quand ce dernier devient musée d’art. Elle est évacuée vers la décharge publique un matin de l’année 1957.

Philippe Fauré


En savoir plus :

Hommage à J.H. Roux du Carla, par A. CARAVEN CACHIN (Técharger le fichier : 2 Mo)

Hommage de A. COMBES. Société littéraire et scientifique de Castres, 1er Juillet, 1859, vol. 3. p.289-295 (Télécharger le fichier : 330 ko)

Sources : registres paroissiaux de Castres (N.-D. La Platé) et Burlats (Saint-Martial) ; état-civil de Castres et Burlats ; comptes-rendus des réunions de la Société des lettres et sciences de Castres (années 1858 et 1859, avec notamment le discours de Victor Canet lors de la remise de prix du 25 novembre 1858 et l’hommage rendu par Anacharsis Combes, président, le 1er juillet 1859) ; Philippe Cros, Châteaux, manoirs et logis : le Tarn, Chauray (79), Editions patrimoines médias, 1999.