La Faille de Villefranche et ses prolongements
Cette grande fracture de direction N20°, s’étend sur 50 km, entre Asprières et Laguépie. Elle est particulièrement bien exprimée par la topographie et offre une limite orientale très nette au Bassin d’Aquitaine. Son histoire tertiaire est indissociable de celle du massif de la Grésigne. Ses mouvements et leur chronologie ont ainsi été longuement abordés dans les deux chapitres précédents.
Magnan (1869), qui la désignait sous le terme de « faille de Marnave », avait parfaitement décrit le « contact des roches cristallines des bords du Plateau central, entre Najac et Asprières… avec les terrains secondaires ». Il envisage que « les érosions et les failles ont joué partout un rôle de premier ordre et qu’autrefois les terrains secondaires recouvraient une grande partie de cet immense plateau (central) ». La question est toujours d’actualité.
Tracé de la la « faille de Marnave », d'après Magnan (1869)
Bergeron (1889) à qui l’on doit le qualificatif de « Grande faille de Villefranche », réalise l’importance de cet accident qui « est aussi en relation avec les accidents houillers, car, si on la suit jusque dans le Plateau Central, on voit qu’elle a probablement servi de directrice à plusieurs bassins ».
Lien vers la carte géologique de Bergeron (1889)
Fournier (1898) constate à son tour qu’elle « semble se poursuivre au N.NE par la longue trainée des bassins houillers qui traversent tout le Plateau central ».
En s’appuyant sur la structure du Dôme de la Grésigne, Ellemberger (1943) montre son caractère décrochant sénestre. Ce qui ne sera jamais remis en question.
Thévenin (1903) avait mis en évidence son rejet vertical, qui effondre les terrains sédimentaires du Quercy par rapport au Massif central.
Collomb (1970) précisera que le jeu de la faille s’est traduit par un basculement relatif des deux compartiments autour d’un axe passant par Monteils, avec un jeu en faille normale, au Nord de cette localité, en faille inverse, au Sud.
Astre (1959) estime que le jeu décrochant de la faille serait d’âge post-Stampien et anté-Burdigalien.
Gèze (1954) met en évidence les structures en dômes et cuvettes qui longent la faille dans son compartiment ouest et leur remplissage paléogène dont la biostratigraphie sera révisée par Muratet (1983) dans sa thèse de spécialité. Celui-ci démontre ainsi l’activité de la faille au cours du Bartonien inférieur, lors de l’orogénèse pyrénéenne (Muratet et al. 1982 ; Muratet et al., 1985). ). Les calcaires du Ludien supérieur, bien datés dans la cuvette de Varen par des vertébrés, y sont recouverts par le conglomérat syntectonique de la Grésigne (Conglomérat de La Treyne), puis par la molasse stampienne du golfe de Cordes. La déformation ne saurait ainsi dépasser la partie inférieure du Stampien. Les derniers mouvements ayant affecté la Faille de Villefranche et la bordure Est-Aquitaine seraient d’âge paléogène et non néogène.
Depuis, son empreinte dans la paléogéographique du Mésozoïque est-aquitaine a été démontrée au Trias par Grignac (1983) et par Cubaynes (1986) au Jurassique où elle fonctionne chaque fois en faille normale révélant un jeu en extension plus général.
Les prolongements de la Faille de Villefranche
Il est largement admis que la Faille de Villefranche se prolonge vers le Nord par le grand Sillon houiller défini par Grolier et Letourneur (1960) comme un décrochement sénestre tardi-hercynien d’environ 70 km de rejet horizontal. D’autres autres ne voient dans la faille qu’une ramification du Sillon houiller, celui-ci trouvant un prolongement plus naturel en direction des Bassins de Carmaux et de Réalmont, par le fossé de la Salvetat-Payralès (Collomb, 1970 ; Muratet 1983 ; Dauch, 1988).
Son prolongement vers le Sud a longtemps été débattu. Ellenberger (1943) la terminait au niveau de la Grésigne où elle s’amortissait au niveau des plis sud-grésignols.
Durand-Delga (1979) et Muratet (1983) la prolongent vers le S-SW sous la molasse de l’Aquitaine dans laquelle « Plusieurs flexures … pourraient résulter de son passage en profondeur ».
Astre nous en fournit l’inventaire : « Dislocation sous-molassique du Rabastinois » mise en évidence par comparaison altimétrique des gisements à mammifères fossiles du Stampien (Astre, 1957), « Flexure de Bourg-Saint-Bernard » (Astre, 1953, 1959) ; « Cassures de Fiac » (Astre, 1959) ; « Failles de Périole et de Jolimont » (Astre et Cavaillé, 1966) ; « Flexure de Muret » (Astre et Cavaillé, 1966).
Ces observations ont été confirmées par les données issues de l’exploration pétrolière en Aquitaine en faisant apparaitre, dans l’Atlas du Bassin d’Aquitaine (1974), son prolongement par l’accident de Toulouse (ou de Muret), jusqu’à la Cluse de la Garonne et aux abords du front nord-pyrénéen où elle se traduit, au niveau de la faille de Boussens, par le décalage de l’axe des Anticlinaux de Plagnes (à l’Est) et de Saint-Martory (à l’Ouest).