Biographies

Pierre Joseph Jules BERGERON (Paris 1853 – Paris 1919)

Jules Bergeron naquit le 5 mai 1853, à Paris. Par son père, le docteur Jules Bergeron, secrétaire perpétuel de l'Académie de médecine, lui-même fils de médecin. Il entre, à l'âge de vingt ans, à l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures pour en sortir, en 1876, avec le titre d'Ingénieur et le diplôme de métallurgiste.
Dès cette époque, la géologie l'attirait et, moins de deux ans après sa sortie de l'Ecole Centrale, il devient Préparateur de Géologie à la Faculté des Sciences de Paris.

En 1884, il entre comme collaborateur adjoint au Service de la Carte géologique détaillée de la France, dont il devient collaborateur principal en 1891. La région qui lui était dévolue comme champ d'action comprenait la fameuse Montagne Noire où Bergeron a contribué à l'exécution de sept feuilles de la Carte géologique.

Les études relatives à la Montagne Noire ont, en effet, constitué la partie la plus importante de ses travaux, complétées par des voyages dans les contrées d'Europe présentant des analogies géologiques, en Espagne, en Bohême, en Saxe, dans le Hartz, dans le Palatinat, en Bretagne, en Roumanie. Ces travaux ont fait l'objet d'une centaine de publications, notes ou communications diverses. Il écrit une thèse « Etude géologique du massif ancien situé au sud du Plateau Central » (1889).

La découverte la plus marquante de Bergeron a été la découverte d'une faune cambrienne dont aucun représentant n'avait jusqu'alors été recueilli sur le territoire français. Le premier vestige de la faune de ces couches était la contre empreinte d'un minuscule céphalon de trilobite, à la surface d'un morceau de schiste que Bergeron avait recueilli au cours de sa campagne de 1887. Il permit à Munier-Chalmas de reconnaître un céphalon de Conocoryphe, genre caractéristique du Cambrien.
Bergeron décrit aussi un grand nombre d’espèces nouvelles, provenant en particulier de la faune cambrienne qu'il découvre à Ferrals-les-Montagne, le genre Asaphelina du Trémadoc, des trilobites et brachiopodes du Dévonien moyen et supérieur.
Il est le premier à démontrer l'existence, dans ce massif, d'une succession sédimentaire complète, depuis le Cambrien jusqu'au Dinantien inclusivement. Pendant cette longue période, la Montagne Noire a fait partie d'un vaste géosynclinal s'étendant de l'Espagne à la Bohême, pour se former ensuite par plissement à l'époque du soulèvement du Massif Central dont elle fait partie.

Ses travaux sont aussi très notateurs. Il se convint progressivement de l’existence de nappes de charriage au flanc sud de la Montagne Noire. Une partie du flanc méridional de la Montagne Noire serait recouverte par ces nappes provenant du Sud-Est. En progressant, elles se déchirent et leur lambeaux se chevauchent les uns sur les autres. Ultérieurement, des roches éruptives traversent les plis des couches primitives ainsi que les nappes de recouvrement, tandis que des dépôts carbonifères se forment dans les dépressions d'effondrement. Enfin, des érosions viennent modifier profondément la surface de cette région déjà si tourmentée en faisant disparaître, en de nombreux points, une très grande épaisseur de couches.

Ces divers travaux lui ont valu, en 1888, le prix Vaillant, décerné par l'Académie des Sciences, et en 1890, le prix Viquesnel, délivré par la Société Géologique de France. La même année, il était chargé par MM. Hébert et Munier-Chalmas, ses maîtres, de faire des conférences sur la géologie aux candidats à l'agrégation des Sciences naturelles.

En 1892, il est nommé pour la première fois vice-président de la Société Géologique de France.

En 1893, il est chargé du cours de Minéralogie et de Géologie à l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris. Il entrait ainsi dans l'enseignement mais se consacrait aussi à la géologie des bassins houillers dont il avait étudié les bassins de Decazeville et de Carmaux, dès 1887.
Son mémoire de 1896, sur l'extension possible de différents bassins houillers et, plus particulièrement de celui de la Sarre, contribuèrent grandement à la découverte du prolongement de ce gisement dans la Lorraine française.

En 1897, il est nommé Directeur adjoint du Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de Paris ; en 1898, Président de la Société Géologique de France.

Sa longue carrière de professeur ne s'interrompit que par la mort, le 27 mai 1919, à l'âge de 66 ans, prématurément usé par un labeur opiniâtre et par les préoccupations que lui causa la guerre (il avait vu partir ses quatre fils au front pour y totaliser douze citations).

 

En savoir plus sur Jules Bergeron :
Notice biographique, Mémoires de la Société des Ingénieurs Civils de France, juillet-sept 1919 sur : http://www.annales.org/archives/x/bergeron.html