LES GISEMENTS DE VERTEBRES FOSSILES DE L’OLIGOCENE DU TARN (STAMPIEN à CHATTIEN)
HISTORIQUE DES DECOUVERTES ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
GISEMENTS DE LA VALLEE DU TARN , ENTRE GAILLAC ET LISLE-SUR-TARN (MP21-25)
Montans
C’est le premier gisement de vertébrés fossiles découvert par dans les molasses du Gaillacois. Son inventeur, le Dr. Philadelphe Thomas, le situe sur la rive gauche du Tarn, 400 m en aval de l’écluse de Montans. Les fossiles proviendraient d’un niveau de « grès calcarifères durs et de poudingues de grès et de quartz ». Le gisement lui fournit un maxillaire inférieur et plusieurs molaires supérieures d’un « Rhinoceras minutus » et des fragments de tortues.
Toujours d’après Ph. Thomas (1867), ce même gisement aurait anciennement fourni un maxillaire inférieur de Paloplotherium minus, un crâne de Paleotherium curtum, des dents de Lophiodon et des plaques de tortues, donnés à l’école des Mines de Paris par le Dr. Facieu, de Montans.
La présence du « Rhinoceras minutus CUVIER » dans ces couches, amène Ph. Thomas à formuler des doutes sur l’attribution à l’Eocène supérieur des molasses du Gaillacois admise depuis Noulet « et non à une époque miocène (comprendre Oligocène), comme il était généralement admis auparavant (pour ce type de fossile) ». Lors de sa publication à la Société géologique de France, seule et unique publication scientifique du Dr. Thomas, il se ralliera cependant à la conception élargie de l’Eocène de Noulet.
La mandibule de « Rhinoceros minutum » découverte par Ph. Thomas figure toujours dans les collections du Muséum de Paris.
Un moulage de cette machoire inférieure (ci-dessous), effectué par PhiladelpheThomas, est découverte récemment au cours de l'inventaire des réserves du musée de Gaillac.
Ce fossile n'avait, à ce jour, jamais été figuré.
Pour Osborn, elle appartiendrait à une femelle d'Aceratherium lemanense et pour Roman (1911) à un mâle de la même espèce. Stehlin (1905a, p. 564), qui a revu l’échantillon dans les collections de l’Ecole des mines de Paris, pense qu'il s'agit plutôt d'Aceratherium (= Ronzotherium) filholi.
Le Ronzotherium filholi de Montans est également cité par Ménouret et Guérin (2009).
Lacroix (1896) en donne un dessin, fig. 42, de sa « Géologie du Tarn » (ci-dessous).
Accompagnant ce fossile, Stehlin (1905a) cite la présence d'une P1 d’Entelodon, alors que Richard (1948) a pu identifier deux fragments de mandibule de Plagiolophus sp. parmi les ossements qui sont encore conservés à l'Ecole des mines.
Le Muséum de Bâle en détiendrait aussi quelques fragments.
Quand au maxillaire inférieur droit de « Paloplotherium minus » découvert « sous Montans, à fleur d’eau » par le Dr Facieu de Montans, il figure encore dans les collections du musée de Gaillac (n° R58) (ses dents ont été extraites pour l’Ecole des mines de Paris), avec plusieurs moulages de différentes dents, alors communiquées à l’Ecole des Mines ou au Muséum de Paris, portant les mentions suivantes :
- Une dent d’ « Aceratherium » « moulage de l’original envoyé au muséum de Paris » (n° R52) ;
- Une dent d’« Aceratherium taille de lemanense, Don du Dr. Facieu » (n° R53, R54) ;
- Une dent d’« Aceratherium » déterminés le 30 mai 1869 par Lartet (n° R56) ;
- Deux dents de « Lophiodons » (n° R55 et R62) « déterminations du Laboratoire du Muséum de M. d’Archiac ».
La collection de Gaillac renferme aussi un abondant matériel, encore inédit* : un maxillaire inférieur de « Paloplotherium minus » (n° R57) (ci-dessous) et plusieurs maxillaires droits et gauches (n° R59) ; une molaire et une incisive d’un Anthracotheridé ; Des dents de crocodiliens (n° R14). Quelques dents mal conservées proviennent de « Montans, près de l’Ecluse ».
* Le muséum, ne disposant pas de conservateur entre 1922 et 1942, il n'a pas pu être visité par Marguerite Richard, lors de son inventaire.
Lacroix (1896) figure, du même gisement, une incisive « d’Anthracotherium » (1896, fig. 40), une molaire de « Sus » (1896, fig. 41) et une écaille de Trionyx (fig. 59).
Ses collections, du musée d’Albi, renferment une molaire inférieure droite, encore inédite, de « Rhinoceros » (n° 392).
Caraven Cachin (1898) y cite encore Paloplotherium annectens, P. minus et des restes de reptiles.
Richard (1946) place le gisement dans le Stampien moyen. Muratet et Cavelier (1992) le situent dans le Rupélien inférieur, biozones MP 21 à 23, biozone MP 21 pour Escarguel et al. 1999
Espèces figurées du gisement :
Ronzotherium filholi. Maxillaire inférieur découvert par Ph. Thomas. Dessiné par Lacroix (1896) p. 22, fig.42 (reproduit ci-dessus).
5 km plus au Nord de Montans, le Dr. Thomas signale en 1867, Paleotherium annectens. La présence de ce fossile lui confirme l’âge encore éocène du gisement du « Rhinoceros » de Montans. Le fossile est donné au Muséum de Paris mais le moulage d’une molaire inférieure gauche de ce fossile, conservée au musée de Gaillac (sous le n° R78) nous apprend, par son étiquette, qu’il provient des « carrières de grès de Boudet, sous Jean Vert, près de Gaillac, à 167 m d’altitude,… M. Lartet qui confirme ma détermination».
Gaillac
En aval d’Albi, les molasses stampiennes sont partout masquées par les alluvions de la plaine du Tarn. Elles affleurent cependant de façon assez continue sur les deux rives du fleuve. Aux environs de Gaillac, elles ont pu être exploitées par plusieurs tuileries jusqu'à l’altitude de 135 m.
Provenant peut-être de l’une de ces exploitations, Caraven-Cachen (1898) cite Paloplotherium annectens et P. minus dans les sables et grès.
Stehlin (1909) identifie Aceratherium filholi dans les collections de Toulouse, que Richard (1946) ne retrouve cependant pas. Sans doute s'agit il du "Rhinoceratidae" sp. maintenant retrouvé sous le n° 2013.0.263.
Toujours d’après Richard (1946), les collections de la facultés de Lyon détiendraient une prémolaire d’Anthracotherium cf. magnum.
Des faunes inédites de Gaillac, à ce jour non révisées, figurent dans les collections du Musée de Gaillac. Elles avaient été récoltées par le Dr. Philadelphe Thomas le 26 juillet 1883, sur la rive droite du Tarn, sous les briquèteries de MM. Costes et Cayla, en un lieu fréquemment appelé le « Port de Gaillac ».
Parmi elles, un crâne entier « d’Entelodon magnum », devenu depuis emblème et logo du Musée d’Histoire naturelle de Gaillac (n° R65) (ci-dessous).
Lui sont adjointes 6 dents séparées d’un même animal, issues d’un même bloc de grès grossier (n° R66 à R71).
Crâne « d’Entelodon magnum » provenant du Port de Gaillac (collection Philadelphe Thomas)
Du même gisement provient un maxillaire inférieur « d’Anthracotherium magnum » (n° R72) (ci-dessous).
Une 3ème prémolaire supérieure gauche usée d’un Anthracotherium (?) provient de la « Rives de M. de Tonnac» (n° R73). Trionyx y est présente d’après de Broin (1977) et Hervet (2003).
Maxillaire inférieur « d’Anthracotherium magnum » (Ronzotherium ?) provenant des berges du Tarn, à Gaillac
(collection Philadelphe Thomas)
Le niveau de Gaillac est placé dans le Stampien moyen pas Richard et par Astre (1957). Muratet et Cavelier (1992) le placent entre les biozones MP 21 et 23, biozone MP 24 pour Escarguel et al. (1997).
Deux autres localités proches de Gaillac, d'après des indications des collections du Musée de Gaillac :
Las Crozes de Montagut, une carrière de grès située à 7 km de Gaillac, en direction de Montauban (« carrière de Capitaine Cadet »), a fourni, vers 200 - 210 m d’altitude, deux dents d’un « Acerotherium » (échantillons n° R74 et R75 de la collection).
Route de Gaillac à Montauban, à 6 km de Gaillac : une molaire inférieure droite à 195-200 m d’altitude (n° R76).
Lisle-sur-Tarn (MP 21-23)
Les Molasses forment un affleurement continu sur les berges du Tarn, entre Lisle-sur-Tarn et Rabastens où elles ont donnés plusieurs gisements
Entre « Lisle d’Albi et Rabastens » Lacroix signale avoir trouvé lui même « dans la berge du rive droite de la rivière Tarn, à l’altitude de 100 m,… des débris d’un énorme rhinocéros sans corne (Aceratherium) ». Il en reproduit plusieurs restes dans sa « Géologie du Tarn » (1896) : vertèbre, cotes, astragale, fig . 36 ; une molaire, fig. 37 (ci-dessous).
Il signale également dans ce gisement un « Paleotherium » (p. 23) dont il figure une phalange (fig. 46), des fémurs de « Rhinoceros » (fig. 48-49) et un crocodile dont il dessine une écaille (fig. 60) et une dent (fig. 61).
En face « l’Isle-d’Albi », sur la rive gauche du Tarn, il a trouvé une tortue entière (p. 25, fig. 58)
Certains des échantillons de Lacroix figurent encore dans la collection du musée d’Albi (sous le n° 45(37)).
L’Isle d’Albi est encore mentionné dans la synthèse de Caraven-Cachin (1889, p. 329) qui cite « Anthracotherium magnum, Rhinoceras minutum, Palaeotherium magnum, P. medium, Paloplotherium minus, Crododiles,… ». Comme à son habitude, il ne donne aucune précision sur la localisation du gisement.
Vasseur (1889) et Richard (1946) le situent logiquement dans « l'étroite bande molassique qui borde la rive gauche du Tarn, vers la cote 120 ou 125 ».
C’est dans la collection Harlé du Muséum de Bordeaux que Richard (1946) identifiera Aceratherium cf. filholi (trois molaires inférieures et un astragale). « Plagiolophus sp. et Anthracotherium sp. ne sont pas retrouvés en collection ».
Richard (1946) place le gisement dans le Stampien moyen. Muratet et Cavelier (1992), le situent dans le Rupélien inférieur, biozone MP 21 à 23.
Espèces figurées du gisement :
Aceratherium sp. Lacroix, 1896, p. 21, dessins fig. 36, 37, 46 (Musée d' Albi)(reproduit ci-dessous)
Cadalen
Lacroix (1896, p. 22) signale la découverte d’une grande mâchoire inférieure d’un Anthracotériidés dans le canton de Cadalen, sans plus de précision.
Un même âge Stampien peut être attribué aux grès de Manavit-Haut qui auraient fourni à Caraven-Cachin (1898, p. 328) Xiphodon gracile, Rhinoceras minutus, et des débris de crocodiles et de tortue.
suite. Gisement de la vallée du Tarn,
entre Lisle-sur-Tarn et Rabastens