Dossier

LES GISEMENTS DE VERTEBRES FOSSILES DE L’OLIGOCENE DU TARN (STAMPIEN à CHATTIEN)
HISTORIQUE DES DECOUVERTES ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

 

GISEMENTS DE LA VALLEE DU TARN , ENTRE LISLE-SUR-TARN ET RABASTENS (MP21-25)


Saint-Géry (Rabastens)

Tous ces fossiles proviendraient des molasses qui affleurent sur les berges du Tarn, non loin du pont de chemin de fer, à une altitude de 122 m.


Les berges du Tarn en aval du pont de chemin de fer de Saint-Gery

Lacroix (1896) fait, le premier, mention de la découverte d’une mâchoire d’ « Anthracotherium » au lieu-dit Saint-Gery, « dans le grès qui forment la berge de rive droite du Tarn ». Il donne un dessin de ce fossile fig. 39 de sa « Géologie du Tarn » et figure les mâchoires inférieures et supérieures (fig. 50) d’un "Paloplotherium", ainsi qu’une molaire inférieure (fig. 51), une molaire supérieure (fig. 52) et une vertèbre (fig. 53) d’un même animal (reproduits plus bas). Il constate dans ce niveau fossilifère l’abondance des galets de conglomérats  et des débris de lignite.
Cette localité sera ensuite citée, sans plus de précision, par Caraven-Cachin (1898).

La collection du Musée d’Albi renferme plusieurs échantillons de ce gisement : « Palaeotherium medium » (n°439-18)(figurée ci-dessous) ; une mandibule inférieure de «  Paloplotherium » (figurée plus bas). Tous ces échantillons ont été récoltés, non par Caraven-Cachin, mais bien par Lacroix.


Le "Palaeotherium minus" de Lacroix attribué à Plagiolophus fraasi par Stehlin, 1905a, p. 323

Le gisement sera évoqué par Vasseur (1898-99), Stehlin (1905a, 1909) et Dépéret (1917). Les maxillaires de Plagiolophus seront en particulier revu par Stehlin (1905a) et attribué à Plagiolophus fraasi.

C’est dans la collection Harlé du Muséum de Bordeaux que Richard (1946) trouvera un important matériel, alors inédit, de ce gisement d’où elle identifiera : « Aceratherium sp. à comparer avec A. minutum ou A. albigense » (un maxillaire avec les molaires de lait) et Anthracotherium magnum.

Muratet et al. (1992), et Muratet et Cavelier (1992) placent le gisement dans leur Séquence A, dans la Biozone MP 21 à 23 en raison de l’association stampienne à Plagiolophus « en accord avec la présence de Hyaenodon brachyrhynchus ». Pour Escarguel et al. (1997), le gisement doit être attribué au Rupélien supérieur, Biozone MP 26.

Espèces figurées du gisement (ci-dessous) :

Aceratherium sp. Lacroix, 1896, p. 21, fig. 39
Paloplotherium sp. Lacroix, 1896, p. 24, fig. 50 à 53.

Dessins de Lacroix (1893) illustrant les fossiles de Saint-Gery fig. 50 à 53.
La fig. 54 est une mâchoire de "Cainotherium" de Colombaylet (ci-dessous)


Vue générale et détail d'une machoire inférieur non numérotée et non étiquetée du Musée d'Albi, dans lequelle nous reconnaissons le "Paloplotherium" dessiné par Lacroix p. 24, fig. 50 (voir plus haut).
Noter la gangue conglomératique.
Individu probablement rapporté à
Plagiolophus fraasi par Stehlin (1905a, p. 323)

 

Colombaylet (Lisle-sur-Tarn)

Ce lieu-dit situé au NNW de Lisle-sur-Tarn se situe sur les premiers contreforts molassiques, vers 175 m d’altitude.

La première référence à ce gisement est donnée par Lacroix (1893) qui dit avoir trouvé plusieurs fossiles dans une carrière de grès exploitée en 1882. Dans sa « Géologie du Tarn », il donne le dessin d’une molaire d’ « Aceratherium » (fig. 38), d’une molaire de « Rhinoceros » (fig. 47), d’une mâchoire inférieure de Cainotherium (fig. 54) et d’une dent de « carnivore » (fig. 55).


Les molasses à l'Ouest du hameau de Colombaylet (dans le bois)


Affleurement d'un chenal gréseux dans les molasses au Sud du hameau de Colombaylet


Les fossiles de Lacroix figurent encore dans la collection du Musée d’Albi (ces fossiles n'ont pas été collectés par Caraven-Cachin) et nous y avons retrouvé la dent de « Rhinoceros » (figurée ci-dessous), la « Carnivore » (n° 13-33) et deux dents d’Aceratherium (n° 22 -36).
Aucun de ces fossiles n’a été revu depuis. Ils n’ont pas été révisés ni par Stehlin, ni par Richard (1946).

Caraven-Cachin (1898, p. 329, 341) signale à son tour « Anthracotherium magnum, Rhinoceros minutum, Paleotherium medium et des restes de crocodiles, dans les sables et grès de Colombaylet ». Il place le gisement sans le Sannoisien (son sous-étage de Gaillac). La localité sera citée, d’après Caraven-Cachin, par Vasseur (1898-99), mais cette fois attribuée au Stampien.

Espèces figurées du gisement :

 

"Cainotherium" . Lacroix , 1896, p. 24, fig. 54
(reproduit ci-dessus)

"Aceratherium
sp." Lacroix, 1896, p. 21, fig. 38.
Molaire (reproduit ci-contre, en haut)

"Rhinoceros". Lacroix, 1896, Molaire,  p. 23, fig. 47
(original du musée d'Albi, figuré ci-contre, en bas)

"Dent de Carnivoyre". Lacroix, 1896, p. 25, fig. 55.

 

Rabastens (MP 21-23 à MP 25)

Cette localité regroupe vraisemblablement plusieurs niveaux fossilifères distincts. Les molasses stampiennes affleurent en effet sur les berges du Tarn, mais aussi dans les coteaux situés au Nord-Ouest qui comptaient plusieurs tuileries d’où proviennent la plupart des fossiles.

De l’une de ces exploitations provient l’un des premiers fossiles de vertébrés cité et décrit dans le Tarn. Il s’agit d’un crâne de mammifère carnivore, étudié par Félix Dujardin lors de sa courte affectation de professeur de minéralogie à la Faculté de Toulouse (en 1839), qui le rapproche alors très justement du Hyaenodon leptorhynchus que venait de décrire de Laizer et de Parieu en Auvergne (Dujardin, 1840). « Le squelette fut trouvé presque entier… la tête seule fut conservée et fait aujourd’hui partie de la collection de Faculté des Sciences de Toulouse »
De Blainville
, qui a pu obtenir le prêt du fossile original de la part de Dujardin et de Leymerie, en fournit une description précise dans son « Ostéographie ou Description iconographique comparée... » (1839-64, tome II, Subursus, p. 103 ; Canis, p. 113). Il le nomme Hyaenodon brachyrhynchus et le figure planche XVII (reproduite ci-dessous).
Un moulage est toujours déposé au Muséum de Paris mais l'original est conservé dans les collections de géologie de l'Université de Toulouse, où il figure depuis, et où il a été réexaminé par Stehlin (1906, p. 664) et Richard (1946).
Curieusement, ce fossile est attribué à l'Eocène supérieur par la plupart des standards alors que le type de Rabastens provient clairement de l'Oligocène (Stampien inférieur, Biozone MP 23).


Hyaenodon brachyrhynchus : de Blainville, 1839-64, planche XVII

 

Les collections du Musée de Toulouse renferment un abondant matériel pour l'essentiel collecté par M. Merecquier (toujours répertorié sous les noms Amphitragulus quercyi, A. feningrei, A. elegans, Dremotherium sp, Lophiomeryx chalaniati,...).
D’après Stehlin (1906, p. 664), les collections renfermeraient un fragment de maxillaire de Metriotherium mirabil, un Dremotherium de taille moyenne, Anthracotherium alsaticum, Chalicotherium modicum (une mandibule avec M3-M1) et un Rhinoceridé de taille moyen, l’ensemble évoquant un âge Stampien inférieur.

Pour Richard (1931, 1946), le gisement fournit Aceratherium cf. filholi (molaires inférieures) ; Schizotherium cf. modicum (une mandibule avec trois molaires) ; Metriotherium mirabile (molaires inférieures) ; Dremotherium nanum (deux fragments de mandibules notés trouvé le 15 Février 1870) ; Dremotherium tolosanum (deux molaires inférieures). Elle regroupe toutes ces découvertes dans le « Stampien moyen ».
Sudre et al. (1992) les classera aussi de façon globale dans l’intervalle Biozone MP 25 et 26 du Stampien supérieur.

Les tuileries s’échelonnant entre 90 et 200 m d’altitude, il est clair que plusieurs niveaux stratigraphiques y sont représentés. Muratet et al. (1992) individualisent trois niveaux successifs :

- Le niveau inférieur qui a fourni le Hyaenodon de Dujardin, « proviendrait d’une tuilerie située non loin de lieu-dit Toutoure, près de la plaine alluviale du Tarn, à 120 m d’altitude, environ ».
Toujours d’après ces auteurs, l’âge de ce fossile serait à placer dans le Stampien inférieur, autour des biozones MP 21-23, au même âge que le niveau que le gisement de Saint-Gery et « il ne saurait être plus récent que le Stampien inférieur, Biozone MP 23 ».

- Le niveau moyen a fourni l’essentiel des fossiles de la collection Noulet du muséum de Toulouse, déjà revus par Stehlin (1906) et Richard (1946). Muratet et al. (1992) y ajoutent le Lophiomeryx chalaniati (n° 2010.0.106).
Cet ensemble se placerait précisément au niveau de la Biozone MP 25 du Stampien terminal.
La collection Harlé, du Musée de Bordeaux, renfermerait de ce niveau un maxillaire d’Anthracotherium magnum.
Ménouret et Guérin (2009) attestent de la présence de "Rhonzotherium romani" et de Protacerotherium albigense situant ce gisement dans la Biozone MP 24.

- Le niveau supérieur a fourni Hyaenodon exiguus à Muratet et al. (1992) dans une nouvelle localité située au Sud-Ouest de Rabastens, vers 140 m d’altitude. Cette espèce le placerait dans l’intervalle MP 26-27 du Chattien ancien.

Trionyx sp. y serait présente d’après de Broin (1977) et Hervet (2003).

Rabastens - La Trémège (MP 26-27)

Situé deux kilomètres au Nord de Rabastens, à 200 m d’altitude, une tuilerie y exploitait une couche argileuse de la molasse.
Plusieurs dents mal conservées de ce gisement sont identifiées par Richard (1946, p. 174) dans les collections de Université de Toulouse, et placées dans le Stampien supérieur avec : Aceratherium cf. albigense (une canine) ; Anthracotherium magnum (une canine et une incisive inférieure) et Eurytherium secondarium (une canine inférieure droite).

D’après Muratet et al. (1992), le gisement de La Trémège se situerait à un même niveau du Chattien ancien, Biozones MP 26-27, que le niveau supérieur de Rabastens.
 

Rabastens - Vertus

Un fragment de "Rhinocerotidae" provenant de Vertus, sans précision, figure dans la collection Noulet du Musée de Toulouse sous le n' 2013.0.250. Ils ont été collectés par M. Paul Béringuier.

Couffouleux

La localité est cité, sans aucune autre précision par Caraven-Cachin (1898, p. 329) qui énumère les fossiles suivants : Anchiterium aurelianense, Paleotherium medium, Hyaenodon brachyrhynchus, Tortues, crocodiles,… Ces fossiles proviennent vraisemblablement de la berge droite du Tarn, en face Rabastens.

 

suite. Gisement des Calcaires de Briatexte