Dossier

LES GISEMENTS DE VERTEBRES FOSSILES DU TARN
HISTORIQUE DES DECOUVERTES ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
LE LUDIEN (EOCENE SUPERIEUR)

 

GISEMENTS DES CALCAIRES DE MARSSAC ET D'ALBI


Dénat
- le Moulin

C’est Lacroix qui donne en 1893 les premières indications sur ce gisement proche de Dénat. « Divers ossements fossiles » lui sont montrés par « M. Biscons, propriétaire à Brayle », sur de grandes dalles de grès qui, au lieu dit le Moulin à vent de Dénat ont été extraites d'un champ voisin. « Aux dires du propriétaire du terrain, il y avait dans ce gisement tout le squelette de l'animal, mais « malgré les meilleures précautions prises nous n'en receuillirent que les débris ». La machoire reconstituée « nous permet de croire qu'il a appartenu à un Paleotherium magnum » dont il donne le dessin.
Cette figure est reprise en 1896 dans sa « Géologie du Tarn » (ci-dessous) (p. 22, fig. 43).


D’après Caraven-Cachin, les « grès de Dénat » auraient donné des dents de Paleotherium magnum à Noulet (1898, p. 339). ll ne fait état d’aucune découverte personnelle ; « les carriers de Dénat nous ont affirmé qu’ils avaient recueillis dans les sables du Moulin à vent une mâchoire et des dents qui devaient probablement appartenir à un pachyderme » (1898, p. 339).

Les fossiles recueuillis par Lacroix figurent toujours dans les collections du Musée d’Albi où ils ont été vus par Stehlin (1904, 1909) qui y a bien identifié une mandibule de Paleotheriµm magnum, fossile que nous n'avons cependant pas retrouvé à ce jour. Plusieurs ossements et dents de Paleotherium y portent les n° 34, 35, 36 et 40 (figurés ci-dessous).

Richard (1946) place le gisement dans le Ludien supérieur au niveau d’une « nappe gréseuse » intercalée dans le Calcaire de Marssac.

Le Palaeotherium magnum permet de rapporter le gisement de Dénat dans la Biozone MP 19.

Dents de Paleotherium de Dénat. Collection Lacroix du Musée d'Albi.



Lombers - Saint-Pierre de Conils


La localité de « Saint-Pierre de Lombers » est citée par Lacroix (1893) qui « a vu depuis quelques temps chez M. Thomas, aide-archiviste à la Préfecture du Tarn, une machoire d'une paléotherium de petite taille » qu'il attribut à Paleotherium minus (p. 142). Il la figure cependant sous le nom de Paleotherium magnum (reproduite ci-dessous).
En 1896, Lacroix dit posséder des mâchoires de « Paleotherium magnum provenant de la région entre Lamillarié et Lombers », sans aucune autre précision (Géologie du Tarn, p. 23).

C'est vraisemblablement cette mandibule portant Ml-M3, étiquetée « Saint-Pierre de Lombers », que retrouve Stehlin au musée d'Albi. Pour cet auteur, il s'agit de Paleotherium magnum girondicum, fossile qu’il place dans le Ludien supérieur, au même niveau que « tous les autres points fossilifères de la région ».
Le fossile n’a, à ce jour, pas été retrouvé dans les collections du Musée d’Albi.

Caraven-Cachin ne cite pas ce gisement dans sa synthèse de 1898. Il signale par contre (1898, p. 328)  Paleotherium magnum et des restes de crocodiles au « Rocher du Burg » près de Lamillarié.

On ne dispose d'aucune donnée très précise sur la localisation du point fossilifère. Richard (1946) le situe à « Saint-Pierre de Bénajan », lieu-dit situé aux confins des communes de Lombers, de Lamillarié et de Dénat.
Lacroix précise (1893, p. 142) que, comme à Dénat, le fossile provenait d'un banc de grès directement surmonté par un calcaire contenant des mollusques : "planorbes, limnées, cyclostomes et mélanies" . Ce faciès correspond bien à celui des Calcaire d'Albi qui affleurent largement autour de Saint-Pierre, aujourd'hui Saint-Pierre de Conils.

Par son contenu, le niveau fossilifère se place très vraisemblablement, au niveau de la biozone MP 18, juste au dessous du niveau principal des Calcaires d'Albi.


Arthès

Filhol (1876) fait connaître cette localité située à l’Est d’Albi où l’exploitation d’un lit calcaire lui a livré une association de mammifères qu’il place dans l’Eocène supérieur comportant « Anaplotherium commune, Palaeotherium, Paloplotherium, Xiphodon gracile, Hyaenodon et Cynodictis ».
D’après Filhol, cette exploitation comporte deux niveaux : le niveau inférieur de calcaire grisâtre ou rosé, renferme les débris de Mammifères, tandis que le niveau supérieur, qui renferme Melania albigensis, est formé de graviers quartzeux cimentés par du calcaire.

Le village d’Arthès étant situé, à la fois, sur les alluvions quaternaires et les Argiles à graviers de l’Eocène, qui ne renferment aucun horizon carbonaté, Richard situe le gisement au niveau d’une des buttes calcaires conservée au Nord d’Arthès. Deux sont cartographiées par Mouline (feuille  de Carmaux, 1998), l’une au niveau du Plo, une autre aux Vernières. Toutes deux sont placées par lui en équivalence du Calcaire d’Albi. Il n’est pas impossible aussi que les échantillons de Filhol proviennent des carrières de Cardalou, également situées sur la commune d’Arthès.

Les faunes de ce gisement, qui ont suivi Filhol dans son affectation à Paris, sont conservées au Muséum de Paris où elles ont été réétudiées par Richard (1946). Elles comportent : Paleotherium magnum  (molaires inférieures), Plagiolophus annectens mut. oweni. (molaires), Plagiolophus minor (molaires), Anoplotherium commune (deux molaires supérieures), Xiphodon gracile (molaires inférieures) et Hyaenodon sp. (le Cynodictis parisiensis n’est pas retrouvé en collection).
La collection Noulet renferme de ce gisement plusieurs fragments d'un Xiphodon sp. collecté par M. Lapeyre (2013.0.265) qui ne semblent pas avoir été vus par M. Richard.
La collection de géologie de la Faculté des Sciences de Toulouse aussi renferme plusieurs molaires d’un Paleotherium sp. de petite taille (medium ou crassum).
Cet ensemble faunique, parfaitement caractérisé par la présence de Palœotherium magnum, permet de placer la partie inférieure des lambeaux calcaires des environs d'Arthès dans le Ludien supérieur (Sudre, 1978, p. 134).
Muratet et Cavelier (1992, p. 5) et Astruc et al. (2003) (fig. 2) précisent cet âge à la biozone MP19.

Il est plus vraisemblable que le gisement d'Arthès relève, non du Calcaire d'Albi,
mais plutôt du Calcaire de Marssac.



Albi - La Pale

La colline de la Pale se situe à Fréjairolles. Le calcaire qui la recouvre en butte témoin repose ici directement sur le complexe des argiles de Notre-Dame de la Drèche (équivalent latéral des Molasses de Blan).

Vasseur (1894, p. 77) signale plusieurs débris de mammifères, " Aceratherium et Xiphodon ",  et place ce calcaire en équivalence du Calcaire d’Albi à Melania albigensis.
Lacroix (1896) dit n'avoir pas pu dégager les dents et mâchoires qu’il a trouvé, en raison de la dureté du calcaire. Sans doute recueille t’il cependant le fragment de mandibule de Xiphodon gracile, déterminé par Richard (1946, p. 109), qui se trouve encore dans la collection du musée d’Albi ?
Quand à Caraven Cachin (1898), il y cite des ossements indéterminables de mammifères.

Butte témoin voisine et homologue de la colline de la Pâle. Le Calcaire de de Marssac
repose directement sur les argiles rouges à graviers

Les faunes signalées par Vasseur ne sont pas retrouvées par Richard dans les collections du Musée de Marseille, en particulier l’Anthracotherium sp. C’est dommage car la coexistence le Xiphodon gracile, forme du Ludien supérieur avec un Rhinocéridé indiquant un niveau nettement oligocène peut apparaître singulière. Tout naturellement, une telle association suggère à Richard (1946) " un âge intermédiaire, Sannoisien basal pour la base du Calcaire d’Albi ".
Dans le contexte nettement condensé des dépôts molassiques situés à l’Est d’Albi, l’hypothèse d’un mélange de faune n’est pas à exclure.

Pour Muratet et Cavelier (1992, p. 5), en raison de la présence du Xiphodon, le gisement doit, sans conteste, être attribué à l’Eocène supérieur " au niveau de la biozone MP 19 ". Le Calcaire d'Albi serait ainsi, pour ces auteurs contemporain et équivalent du Calcaire de Varen.

Mouline (carte de Réalmont, 1996) cartographie ce lambeau carbonaté en Calcaire d’Albi, mais les âges donnés par le gisement et un examen plus approfondi de sa carte montrent qu’il serait plus logique de l’attribuer à la formation des Calcaires de Marssac.


Albi - La Vasière

Lacroix (1896, p. 23) dit avoir trouvé des débris de Paleotherium dans les carrières du Four à chaux de La Vasière, au Sud d'Albi qui exploitent un niveau de calcaire équivalent à celui des Calcaires d'Albi exploité non loin sur la colline de Ranteil.

 

suite. Gisement du Calcaire de Saussenac