Dossier

UN PATRIMOINE GEOLOGIQUE PEU CONNU : LES GISEMENTS DE VERTEBRES FOSSILES BARTONIEN SUPERIEUR DU CASTRAIS
HISTORIQUE DES DECOUVERTES ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

 

GISEMENTS DES "GRES ET CONGLOMERATS DE PUECH-AURIOL, DE LA PLAINE DE VENES ET DE LA BOULBENE".
AGE BARTONIEN SUPERIEUR (MP 16)

GISEMENTS DES ENVIRONS DE JONQUIERES

 

Jonquières. Braconnac

La première indication du gisement de Braconnac date de 1851, alors que Noulet nous informe du don, en 1845, du « maxillaire inférieur d’un grand mammifère, empâté dans sa gangue. M. le Comte de Foucault l’avait recueilli… avait demandé à M. Belhomme d’en faire hommage à la municipalité (de Toulouse) ». Pour cet échantillon, il propose le nouveau nom de Lophiodon lautricense (Noulet, 1851, p. 215), espèce considérée par Gervais (1862, p. 822) comme la plus grande forme de Mammifère actuellement connue dans la faune éocène d’Europe.
D’après Noulet (1863, p. 184), les couches fossilifères du gisement du Château de Braconnac correspondent à un « grès tendre à gros grains » dont l’affleurement « est situé en pleine molasse, dans une dépression de terrain offerte par la vallée qui suit le ruisseau de Bagas ». Cette dépression, située au nord du château, est actuellement occupée par une importante retenue collinaire et le gisement a totalement disparu. Les grès n’y affleurent guère plus que dans les bois qui la dominent au nord (photo ci-dessous, à droite).

 

 

Ils sont mieux visibles à La Fabrié, où de beaux affleurements de grès à stratifications obliques sont visibles dans le hameau, le long du chemin de la Bardonnié, là-même où la carte géologique au 1/80 000 place un point fossilifère (sans citation de faune).
Il reste peu de matériel de ce gisement dans les collections. Sa richesse était pourtant notée par Gervais (1862, 1867-69) qui précise que l’on avait extrait « une quantité d’ossements… » qu’il décrit de façon approfondie et figure en 1867-69, pl. XXVIII, fig. 3-7 : un fragment d’atlas, omoplate, un humérus, fragments de cubitus, radius, portions de métacarpien médian. Il nous informe que ces ossements « viennent d’être acquis par le Musée de Marseille »  (1862, p. 821 ; 1867-69, p. 166).
Il faudra attendre la monographie de Filhol sur les Grès d’Issel (1888) pour voir une figuration de l’holotype du musée de Toulouse (1888, p. 122-134, pl. XIII, fig. 1, 2, 4). Le spécimen-type, qui n'avait pas été retrouvé par Richard (1946, p. 58), est toujours conservé dans les collections de Musée de Toulouse (n° 2010.0.116). La collection Noulet renferme également deux molaires inférieures de Palaeotherium siderolithicum (= Palaeotherium sp. de Richard, 1946, p. 58) qui lui auraient été donnés par M. Jean (n° 2013.0.278).
D’après Gervais (1867-69, p. 167) le gisement renferme aussi des Chéloniens (Trionyx).
Le gisement est aussi signalé par Roux du Carla (1860, p. 18), d’Archiac (1868, p. 384), Caraven-Cachin (1879 ; 1898, p. 289), Vasseur et al. (1896), Stehlin (1903, p. 95 ; 1904, p. 446, 460) et Frantzen (1968).

Le Lophiodon lautricensis collecté par l'abbé Boyer dans le "vallon du Bagas", que renferme la collection Noulet de Toulouse (n°2013.0.238) provient certainement d'un site tout proche.

Espèce nouvelle de ce gisement :

Lophiodon lautricensis NOULET, 1851, p. 245.
. Type figuré en 1888, par Filhol, p. 122-134, pl. XIII, fig. 1-2, 4 ;
. Gervais, 1867-1868, pl. XXVIII, fig. 3-7.

Lophiodon

Lophiodon
lophiodon

Lophiodon lautricense. Maxillaire supérieur (en haut), fragment de mâchoire inférieure (à gauche), deux molaires (à droite). Muséum de Gaillac, coll. Ch. Durand (ASNAT).
Environs de Lautrec. Gisement précis inconnu



Jonquières, La Barthié

Ce lieu-dit, proche de Braconnac, situé au sud-ouest du château, aurait livré à Noulet une molaire inférieure d'un Palaeotherium de taille intermédiaire entre P. castrense et P. curtum, que Stehlin (1904, note p. 460) et Richard (1946, p. 58) ont pu étudier dans la collection du musée de Toulouse et que Frantzen (1968) attribut à Palaeotherium siderolithicum (n° 2013.0.276).
Des molaires inférieures de Plagiolophus sp., possiblement récoltées par Caraven-Cachin, sont conservées au muséum de Paris (collection Filhol).
Aucun affleurement n’y est actuellement reconnu.

Jonquières, Le Mazou

Ce lieu-dit situé au nord de Braconnac, est cité dès 1867 par Noulet (p. 177) qui signale la présence de Lophiodon lautricense, d'un Paleotherium et de la tortue Allaeochelys parayrei. Le gisement se situe très vraisemblablement le long du chemin creux situé au plus près de la métairie, dont le talus découvre de larges chenaux gréseux à stratifications obliques (photo ci-dessous).


Lophiodon lautricense NOULET est la seule espèce retrouvée par Filhol (1888, p. 129), Stehlin (1903, p. 95 ; 1904, p. 447) et Richard (1946, p. 59) dans la collection Noulet du Muséum de Toulouse (deux fragments de mandibules) (présents sous le n° 2013.0.277).

Espèce figurée de ce gisement :
Lophiodon lautricense NOULET, 1851 : Filhol, pl. XIII, fig. 5-6.

Lautrec, Castelpers

Le gisement de Castelpers se situe très vraisemblablement dans la tranchée du chemin de St Pierre à Lagrave, qui entaille profondément, à l’Ouest du château, des barres de grès grossiers chenalisés, à stratifications obliques (photo ci-dessous).
Il est signalé pour la première fois par Parayre (1860) qui dit "devoir à l'obligeance de M. Hilaire, avocat, des débris ... recueuillis sur la propriété de Castelpers... enfermés dans une gangue de grès arénacé grossier ". il s'agirait de débris de tortues (os, carapace, plastron).
Caraven-Cachin dit avoir trouvé dans ce gisement en 1864 « des restes de Lophiotherium, de tortues et de crocodiles » (1898, p. 289).
La collection Noulet du musée de Toulouse renferme un fragment de mandibule avec M3-P4, de Anchilophus sp. par Stehlin (1904, p. 451) et Richard (1946, p. 55), attribué à Achilophus gaudini par Stehlin (1905b, p. 527) (= Metanchilophus castrensis REMY, 2012) et qui figure dans la collection de Toulouse sous le nom d'Anchilophus desmaresti (n° 2010.0.108).
Remy (2012, p. 61) n'a pu retrouver l'échantillon dans les collections du Musée de Toulouse qui, en outre, renferme Plagiolophus sp. (n°2013.0.230).




Lautrec, Saint-Pierre d’Expertens

Aucun affleurement gréseux n’est actuellement reconnaissable dans les alentours immédiats de l’église de St Pierre d’Expertens. Le gisement est signalé dans la collection Noulet par la seule mention de « Saint Pierre ». Stehlin (1904, p. 462) y a déterminé Plagiolophus cartailhaci (empreinte d’un palais et plusieurs dents). L’échantillon a été retrouvé par Richard (1946, p. 54).

 

suite. Gisements des environs de Lautrec