Dossier

UN PATRIMOINE GEOLOGIQUE PEU CONNU : LES GISEMENTS DE VERTEBRES FOSSILES BARTONIEN SUPERIEUR DU CASTRAIS
HISTORIQUE DES DECOUVERTES ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

 

Un historique plus détaillée des étapes qui ont conduit aux datations des Molasses du du Castrais, est traité par ailleurs sur le présent site.

Apport des vertébrés à la détermination de l’âge des Molasses du Castrais

La détermination de l’âge des formations molassiques du Castrais a fait l’objet au XIXe siècle de longues discussions entre les géologues. Inspirés par les travaux précurseurs de Cuvier (1822) et de Marcel de Serre (1844) sur les faunes de vertébrés d’Issel et de Villeneuve-la-Comptal, dans l’Aude. Ils s’attachent à paralléliser ces couches avec des dépôts homologues, mieux datés, du bassin de Paris.

Du Tertiaire moyen

Rappelons que Dufrenoy et Elie-de-Beaumont (1841), auteurs de la Carte géologique de France, avaient rapporté au Tertiaire moyen, ou Miocène (englobant les actuels Oligocène et Miocène), l’ensemble des séries molassiques du bassin du Castrais et de l’Albigeois, couches que De Boucheporn (1848) avait ensuite placé dans l’Eocène, en constatant leur remplacement progressif par les couches marines du « terrain à nummulites » qui revêtent le versant méridional de la Montagne noire.
La première découverte d’un spécimen de Lophiodon dans les sables du Lautrécois confirme cet âge à Noulet (1851) et lui permet de souligner la parenté entre les faunes du Castrais et les, désormais, classiques faunes d’Issel (Cuvier, 1822).

De l’Eocène supérieur

A partir de 1855, les récoltes du jeune Léonce Roux du Carla montrent l’association, dans le Castrais, des deux genres Lophiodon et Palaeotherium. Noulet (1854, 1858) peut alors préciser leur âge et placer dans l’Eocène supérieur la « zone à Lophiodon lautricense et Paleotherium » du Castrais en « équivalence avec les couches de Montmartre à gypse du Bassin Parisien » (Noulet, 1858).

De l’Eocène moyen

Gervais avait pourtant bien remarqué, dès 1867, que les niveaux à Lophiodon et à Palaeotherium était, non identiques, mais superposés. Il rapporte les premiers, qui caractérisent le niveau d’Issel, à l’Eocène moyen (au niveau du « Calcaire grossier supérieur » du Bassin parisien) et les seconds, de Villeneuve-la-Comptal, à l’Eocène supérieur (niveau du « Gypse de Montmartre »).
Pour cette raison, d’Archiac (1868, p. 388) avait envisagé, pour les molasses du Tarn, un âge intermédiaire « associant des types génériques propres à chacune d’elles ».
C’est bien ce que proposent Vasseur (1893a, p. 361), lors des travaux d’établissement de la carte géologique du Tarn et de l’Aude, en plaçant les Molasses du Castrais dans l’Eocène moyen « en équivalence des Sables de Beauchamp et du Calcaire de Saint-Ouen du le Bassin de Paris ».

Etage Bartonien

Pour cette période, l’étage Bartonien est introduit et appliqué aux molasses de l’Aquitaine pour la première fois en 1899 par Vasseur et Blayac.
Cette datation, tenue pour non rigoureuse, ne sera pourtant pas suivie par Caraven-Cachin (1898) qui persiste à placer les « Etages de Castres et de Lautrec » dans l’étage Ludien de l’Eocène supérieur.

Colonne stratigraphique, ensembles lithostratigraphiques, étages géologiques et principaux repères biochronologiques MP du Tertiaire continental des bassins du Castrais et de l'Albigeois

Un niveau inférieur du Bartonien supérieur

L’étude paléontologique autorise Stehlin (1909) à préciser encore, au Bartonien supérieur, l’âge des faunes mammaliennes des sables du Castrais. Cet âge est identique à celui du niveau de Robiac, dans le Gard, autre localité de référence de l’étage.
Plusieurs paléontologues, dont Frentzen (1968) et Sudre (1978), concluent par l'étude paléontologique des Palaeotherium et des Artiocactyles à une légère antériorité du niveau de Castres sur celui de Robiac.
Une nouvelle précision va être donnée par Cavelier (1979, p. 195) qui signale la découverte dans les « Middle Barton Beds » de la localité stratotypique, du Plagiolophus cartailhaci de Peyregoux. Ce fossile permettrait alors de situer les gisements du Castrais à un niveau inférieur du Bartonien supérieur.

Biozone MP 16

Les faunes du Castrais bénéficient depuis les années 80 des progrès des techniques de recherche et de la biochronologie permise, notamment, par la paléontologie des micro-mammifères. Les faunes du Castrais sont placées dans la Biozone MP 16 de l’échelle MP adoptée en 1986 au Symposium de Mayence (Sudre et al., 1992).
Une proposition de J. Remy, lors du colloque BiochroM'97, visant à distinguer les faunes du Castrais, dans la Biozone MP 16a, des faunes de Robiac, dans la biozone MP16b, n'est pas confirmée par une résolution.
Les nouvelles récoltes effectuées 1994 dans le Lautrécois par B. Sigé et B. Marandat (in Astruc et al., 2003) ont permis des datations très précises permettant cette fois d’affirmer la contemporanéité des niveaux de Castres et de Robiac

Les principaux gisements de mammifères du Castrais et du Lautrécois
sont synchronisés avec Biozone MP 16


Ainsi, la Formation des « Molasses de Saix et de Lautrec » se trouve parfaitement datée de l’étage Bartonien (Eocène moyen).

- Sa partie inférieure repose sur les Calcaires de Castres et de Labruguière dont le sommet est daté du Lutétien terminal (Stehlin, 1909), Biozone MP 13 (Escarguel, 1999). Elle n'a pas fourni de restes de vertébrés mais est bien datée du Bartonien inférieur (sous-étage Auversien) par l’étude paléobotanique des graines de Charophytes (Märsche, 1970).

- Sa partie supérieure est rattachée au Bartonien supérieur (sous-étage Marinésien), Biozone MP 16.

 

suite. Lithostratigraphie des formations à vertébrés