Ressources en eau potable, Tarn

 

 

LES RESSOURCES EN EAUX SOUTERRAINES DANS LE TARN


Nous évoquerons ici les principaux types d’eaux souterraines exploitées dans le Département du Tarn.

 

AQUIFERES GRANITIQUES


En pays granitique, les granites s’altèrent superficiellement sous l’action de l’eau pour former un sable (« arène granitique ») qui emballe des boules de roche saine préservée. En profondeur, la roche est découpée par des fissures partiellement comblées de sable ou de granite altéré. Ce type d’aquifère est donc à la fois poreux et fissuré. Plus bas, la roche devient massive, compacte, pratiquement imperméable.
Ainsi, le principal aquifère en pays granitique est constitué par l’arène. Les eaux baignent la base de ce sable, en circulant lentement entre les boules de granite. Elles s’accumulent dans les points bas, formant des zones marécageuses, ou bien elles alimentent les sources lorsque le plan de contact entre l’arène est recoupé par la surface topographique. Ce type de ressource est fréquemment exploité dans le Tarn (Sidobre, région d’Anglès, Arfons, Mazamet  …). Exceptionnellement, des sources peuvent apparaître sur des versants, à l’intersection d’importantes fissures. On peut aussi rechercher à atteindre le réservoir par des forages atteignant des réseaux de faille dans la roche.

Fig. 4. Exemple d ’aquifère granitique dans le Sidobre

 

AQUIFERES SCHISTEUX

Les schistes (et roches métamorphiques apparentées) sont des roches qui présentent uns forte fragmentation et fissuration dans la partie la plus proche du sol. En profondeur, elles deviennent beaucoup plus massives et compactes. En surface, elles sont souvent recouvertes de fins éboulis, à cailloutis dispersés, constituant des « colluvions ».
Elles constituent donc un aquifère poreux (superficiellement) et fissuré (à faible profondeur).
Les eaux météoriques qui tombent sur ces terrains circulent dans les colluvions et dans l’horizon de schistes fragmentés, conformément aux pentes des surfaces topographiques. Elles reviennent en surface à la faveur de seuils rocheux (par exemple de filons de quartz) où dans les fonds de vallons où elles saturent les colluvions. Ce type de ressource est très fréquemment exploité dans l’Est albigeois.
Exceptionnellement, des forages peuvent atteindre des eaux plus profondes, dans des zones où les schistes sont particulièrement fracturés et fissurés.


Fig. 5. Exemple d ’aquifère schisteux dans l'Est de l'Albigeois

 

AQUIFERES KARSTIQUES



Les principaux aquifères karstiques du Département du Tarn sont constitués :
- d’une part par les calcaires cambriens (-540 à -500 Ma) qui affleurent dans les Monts de Lacaune ou dans la Montagne Noire ;
- d’autre part par les calcaires jurassiques (-200 à -150 Ma) qui sont connus dans la région de la Grésigne. 

Les eaux pénètrent dans le sous-sol par des fissures de la roche, des dolines, des avens ou des pertes de ruisseau. Elles descendent jusqu’au plancher de l’aquifère qui est composé de terrains imperméables (marnes ou schistes), puis circulent en profondeur en suivant les pentes du plan de contact entre terrains perméables et imperméables.
Les directions des écoulements souterrains sont donc contrôlées, non par la topographie mais par la géométrie et les déformations des masses rocheuses dans le sous-sol. Elles reviennent en surface lorsque la base de l’aquifère est recoupée par la surface topographique ou au niveau des vallées actuelles (Aveyron, Cérou…)

Fig. 6. Exemple d'aquifère karstique dans la Grésigne et résurgence de Notre-Dame-de-Livron
(Tarn-et-Garonne)

 

AQUIFERES MULTI-COUCHES

Dans la région de Gaillac et du Pays cordais, les terrains sédimentaires horizontaux du Tertiaire, datant de -40 à -30 Ma, sont composés d’une alternance de barres calcaires, épaisses de 5 à 10 m, et de couches de marnes.
Les calcaires sont fissurés, localement karstifiés.
Les eaux qui tombent sur les plateaux calcaires s’infiltrent jusqu’à la base des bancs calcaires. A la faveur de failles qui décalent verticalement les couches, les eaux peuvent passer d’un niveau calcaire à l’autre. Elles ressortent sur les versants des vallées où les barres calcaires sont entaillées par la surface topographique. Souvent, l’émergence vraie est masquée par des éboulis et les eaux arrivent en surface par des émergences descendues à la base des éboulis. De telles sources, de faible débit, sont captées dans la région de Cordes (Souel) et dans la vallée de la Vère (Villeneuve-sur-Vère, Noailles…).

Fig. 7. Exemple d ’aquifère multicouche dans le Pays cordais

 

AQUIFERES ALLUVIAUX



Dans la partie occidentale du département du Tarn, les vallées sont généralement encaissées dans des marnes imperméables du Tertiaire. Elles sont recouvertes de placages d’alluvions qui sont toujours composées de 2 termes :
- un terme inférieur de sables, graviers et galets ; - un terme supérieur de limons. La couche de sables, graviers et galets constitue un excellent aquifère poreux qui est alimenté par l’infiltration des eaux météoriques sur la surface de la plaine ainsi que par les ruissellements sur les versants de la vallée. Cet aquifère abrite une nappe phréatique dont le plancher de l’aquifère est constitué par les marnes imperméables (fig. 8).
Les eaux s’écoulent lentement de l’amont vers l’aval de la vallée et des versant vers le lit du cours d’eau. Elles sautent d’une terrasse alluviale à l’autre, au niveau de talus jalonnés de sources (exemples : sources de Ladin et du Griffoulet, à Lisle-sur-Tarn). Lorsque les alluvions sont décapées par des gravières ou entaillées par de profonds fossés, la nappe phréatique arrive au jour.

Les relations avec les cours d’eau actuels sont de 2 types (fig. 8) :
- ou bien le lit actuel est très encaissé par rapport à sa plaine, atteignant le plancher de marnes imperméables (Tarn, Agout, Dadou). En ce cas, la nappe – dite « suspendue »revient en surface par des sources qui jalonnent les falaises des berges et alimente la rivière ;
- ou bien le lit actuel, peu profond, n’est ouvert que dans les alluvions (Vère, Sor). En ce cas, la nappe – dite « d’accompagnement » - et en échange hydraulique avec la rivière. En période d’étiage de la rivière, les eaux de la nappe alimentent la rivière. En période de hautes eaux de la rivière, les eaux du cours d’eau alimentent la nappe.

Fig. 8. Les divers types d’aquifères alluviaux et affleurement de nappe phréatique à Saint-Paul-Cap-de-Joux

 

NAPPES CAPTIVES

Dans le Département du Tarn, la principale nappe captive est la « nappe infra-molassique » qui baigne les « Argiles à graviers de l’Albigeois et du Carmausin ».
Elle est alimentée par les pluies qui tombent sur les affleurements de ces argiles aux environs de Carmaux, Albi ou Réalmont. Les eaux circulent très lentement vers le centre du Bassin d’Aquitaine (vers le Sud Ouest) et sont rapidement piégées par le recouvrement des marnes imperméables du Tertiaire.
Seuls des forages artésiens permettent d’exploiter ces eaux (exemple : forage Weishart, à Graulhet, où le plancher de l’aquifère est à 300 m de profondeur).

Dans la région de Toulouse, la nappe infra-molassique se trouve à 700 m – 800 m de profondeur. Les eaux ainsi captées datent de plusieurs milliers d’années et leur renouvellement est très lent. Il faut donc être très attentif à ne pas surexploiter cette ressource.

Fig. 9. La nappe captive infra-molassique

 

Suite : Les ressources en eaux superficielles dans le Tarn

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