Géologie. Nappe de Saint-Salvi de Carcaves
Les déformations hercyniennes de la Nappe de Saint-Salvi de Carcavès
La déformation D4
La mise en place du massif granitique du Sidobre
D'age Westphalien supérieur - début Stéphanien (304
+/- 8 Ma., PIN 1991 in GEBELIN et al., 2009), il est orienté cartographiquement selon un axe E.NE.-W.SW (fig.
19) et est à rattacher à la phase D 4.
Ce massif (fig. 21) est intrusif dans les matériaux schisteux qui constituent la nappe des Monts de Lacaune et
n'intéresse donc pas directement la nappe de St Salvi. Toutefois, son étude apporte des précisions sur la
déformation D4.
Il a acquis, au cours de sa mise en place, probablement vers 7 km de profondeur (MOISY, 1993), la forme d'une coupole, d'axe N.NE-S.SW (N21°E), comme le révèle la cartographie des structures planaires magmatiques (fig. 22).
Les études géophysiques (gravimétrie …) réalisées (AMEGLIO et al., 1994; DARROZES et al., 1994)
montrent notamment :
– qu'il constitue une lentille de faible épaisseur (< 3,5 km au SW. du massif), enracinée au SW., avec
au moins une zone d'alimentation magmatique dans cette partie, ce que confirme l'analyse des
structures linéaires du granite à l'échelle du massif (fig. 22);
– que le granite présente, dans sa partie SW. (la plus épaisse) des contacts sub-verticaux avec son
encaissant (fig. 21) ; le granite s'ennoyant sous les schistes ailleurs (secteur NW. à E.NE.).
– que deux failles normales N120°E, à pendage NE. et SW., accidentent le plancher granitique (fig.
22).
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Cela est notamment en accord avec la direction moyenne des nombreux filons aplo-pegmatitiques (N 93°E ; 70°N.NE) qui balafrent le massif et correspondent très vraisemblablement aux liquides magmatiques résiduels mis en place dans un contexte de fentes de tension (MOISY, 1993) (fig. 23). |
Le modèle tectonique (fig. 24) que l'on peut proposer suggère que le massif du Sidobre se soit mis en place au
cours d'un cisaillement dextre, de direction sensiblement NE.-SW., pendant lequel le magma aurait intrudé en
force les schistes environnants ; probablement à la faveur de plans de discontinuités tels que le plan de
schistosité (S1-2 ?) ou un plan de cisaillement sub-parallèle à ce dernier.
Ce cisaillement aurait créé une zone en distension (fig. 24 A) favorable à la mise en place du magma dans la
croûte supérieure.
Les failles normales (fig. 22) N120°E, à pendage vers le NE. ou le SW., qui affectent le
plancher du massif granitique, témoigneraient de cette extension. Elles auraient permis, en partie, au magma
granitique de se mettre en place.
La coupole granitique, de direction N21°E, que dessinent les plans de la foliation magmatique (fig. 22), serait liée à une compression de direction W.NW.-E.SE., soit la direction des failles normales. Il est fort probable que le flux magmatique (mis en évidence par les linéations, fig. 22) ait été canalisé par cette compression, selon une direction N.NE.-S.SW.; le magma s'écoulant vers le N.NE. Au cours du refroidissement du magma granitique (passage de la transition ductile-fragile), la direction des contraintes tourne dans un sens anti-horaire (fig. 24 B); la compression se rapprochant d'une direction E.-W. Le liquide granitique résiduel, en surpression (?), cristallise dans les fentes de tension ouvertes dans la masse rigidifiée (fig. 23).
Ce modèle, proposé par M. MOISY (1993), est analogue à celui retenu pour la mise en place, syntectonique, des granitoïdes, entre 350 et 300 Ma., dans le Sud du Massif Armoricain et le Limousin (GEBELIN et al., 2008, 2009) (fig. 24 C).
La formation des fentes de tension (filons aplo-pegmatitiques) pourrait être corrélée avec la phase D5 eu égard à la direction de compression (~ E.W.) qu'elles révèlent.
L'histoire du Massif syntectonique du Sidobre jalonnerait donc les déformations D4 et D5.
Il faut noter qu'à la fin de l'histoire magmatique du granite du Sidobre se mettent en place, dans un contexte de cisaillement dextre (fig. 21), les minéralisations zincifères, riches en germanium et en cadmium, du gisement filonien de St Salvy : Sphalérite [(Zn,Fe)S], Galène [PbS] argentifère..... (FOGLIERINI et al., 1980; TOLLON et al., 1980; CASSARD et al. 1993; MOISY, 1993).