Paul-Antoine REY-LESCURE, géologue (Montauban, 1830-1896)
Le cursus de Rey-Lescure nous est inconnu. Amateur, il est avocat, receveur de l’Enregistrement, issu d’une famille bourgeoise, calviniste, de Montauban. On ne sait s’il a suivi un cursus universitaire, mais il parle de « son savant maître M. Hébert… », alors véritable pape de la géologie française dans sa chaire de la Sorbonne.
Il est membre de la Société géologique de France. Il a surement été influencé par son coreligionnaire F. Leenhardt* avec lequel il fait des sorties communes. Celui-ci, devient en 1875 professeur de géologie et de paléontologie à la Faculté théologique de Montauban, où il avait soutenu une thèse de théologie. Il n’évoque jamais ses relations avec A. Péron, en poste à Montauban de 1871 à 1875, ni avec A. Caraven-Cachin dont il concurrence les travaux sur le Tarn.
Peu connus à l’extérieur du département du Tarn-et-Garonne, les travaux de P.A. Rey-Lescure sont surtout portés par des intentions économiques, agricoles et hydrologiques.
Son ouvrage principal est une « Esquisse agro-géologique et hydrologique… », éditée en 1874, assortie de plusieurs coupes géologiques. Il n’apporte pas de données géologiques très originales mais décrit assez fidèlement la succession des terrains tertiaires de la plaine du Tarn et de la Garonne. S’arrêtant aux « frontières » du département, il ne peut développer aucune donnée sur le Bas-Quercy et le massif de la Grésigne.
Ce travail, préliminaire au lever de la carte géologique du département, est suivi d’une première notice explicative présentée à la Société géologique de France en 1875.
Editée en 1877-78, cette carte aura le mérite d’être la première, 36 ans après celle de Dufrenoy, et de ne présenter aucune erreur manifeste.
Une version plus élaborée de la notice sera insérée en 1879, dans le bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de Toulouse. La description du Jurassique quercynois qu’il y développe semble très inspirée par les récents travaux de Péron dans le nord du département.
Il est difficile d’expliquer pourquoi, Rey-Lescure s’intéresse parallèlement au Tarn (dès 1872, d’après M. Durand-Delga, 2003). Rey-Lescure fait état d'affinités pour le département du Tarn. Ses levers dans ce département voisin lui permettent de présenter le 2 avril 1883, à la Société géologique de France, l’esquisse d’une carte géologique au 80.000e assortie d’un texte détaillé : cette initiative aurait reçu « une vive recommandation de la part du Conseil général du Tarn ».
En 1886, Rey-Lescure montre la carte, terminée, devant la société d’histoire naturelle de Toulouse « avant l’apparition de celles d’autres géologues de la région » (fait il allusion à Caraven-Cachin ?).
La notice explicative, signée sera imprimée à Toulouse (1888) à la suite de la session 1887 de l’Association Française pour l’Avancement des Sciences (AFAS).
Mais Rey-Lescure est allé vite ! Regroupant, dans ses notices de 1883 et de 1887, les dépôts rouges du Permien, du Trias et du Tertiaire inférieur ; ne figurant, dans le Bas-Quercy, aucune des données pourtant récemment débattues par Magnan et Péron ; confondant, comme Boucheporn, les niveaux conglomératiques associés à la molasse et les graviers des terrasses alluviales ; confondant les termes du Tertiaire, méconnaissant leur succession et leur extension latérale, en particulier dans le castrais où il englobe tous les niveaux calcaires situés entre Castres et Lavaur en un seul horizon, le « Calcaire de Castres… qui se voit au Roc de Lunel ». Pour lui, le « Calcaire de Castres » est séparé du calcaire du Causse de Labruguière par l'assise des « Grès de Castres » (de Navès). Par contre, il reconnaît que les Calcaires de Cordes (« Calcaires supérieurs du Quercy ») se prolongent au sud du département dans les calcaires de Magrin et d’Appelle. Quoi qu’il en soit, ses contours sont, sur bien de points, en retrait sur ceux de la carte de Boucheporn.
Aucune trace d’activité géologique de Rey-Lescure ne nous est connue après 1887 .
PF
Travaux de P.A. Rey-Lescure sur le Tarn et le Tarn et Garonne
REY-LESCURE P. (1874-1875) – Carte agro-géologique, hydrologique, statistique et itinéraire du département de Tarn et Garonne. Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Toulouse, t. 8, 152 p..
Télécharger 1er partie (1,5 Mo) terrains primitifs et jurassiques
Télécharger 2ème partie (1,1 Mo) terrains tertiaires et quaternaires
Télécharger 3ème partie (3,2 Mo) hydrogéologie du Tarn et Garonne
REY-LESCURE P. (1875) – Note sur les phosphatières de Tarn-et-Garonne et sur l'Hydrologie des environs de Montauban. Bulletin de la société géologique de France. 3ème série, tome 3, p. 398-426.
REY-LESCURE P. (1875) – Notice explicative d'une carte agro-géologique et hydrologique du Tarn-et-Garonne. Bulletin de la société géologique de France. 3ème série, tome 3, p. 426-430.
REY-LESCURE P. (1877) – Dislocations dans les terrains du Sud-Ouest de la France : systèmes du Quercy, du Castrais, des Pyrénées et de l’Auvergne, Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Toulouse, tome 11, p. 107.
REY-LESCURE P. (1879) – Notice explicative de la carte agro-géologique et hydrogéologique du Tarn et Garonne. Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Toulouse, t. 13, p. 61.
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REY LESCURE P.. (1883) – Note sur une Carte géologique du département du Tarn. Bulletin de la Société géologique de France, sér. 3, XI, p. 371-384.
REY-LESCURE P. (1886) – Géologie du Tarn. Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Toulouse, tome 20, xxxvi
REY-LESCURE P. (1887) – Notice explicative de la carte géologique du département du Tarn.
Association Française pour l'avancement des sciences, congrès de Toulouse, 1887, 10 p., une carte
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Carte de géologique du Tarn et Garonne (1877-1878)
(http://www.hstl.crhst.cnrs.fr/i-corpus/histmap/cartesgeologiquesfrance/mapslist.php#TARN )
Sources :
Durand-Delga M. (2003). Prémices et développement de la connaissance géologique de l’Albigeois du XVIIe à la fin du XIXe siècle. Bulletin de la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres du Tarn. N° LVII, p. 396-429.
* voir Franz Leenhardt. J. Philip. (2012) – Exploration géologique de la Provence. Mines, ParisTech, p. 309