Biographies

Albert RAYNAUD, biologiste, herpétologue (Vabre 1914 – 1999)

Albert Raynaud est né le 3 mars 1914 à Vabre (Tarn). Son père, comptable, l’élève dans la tradition protestante, mais décède alors que le jeune Albert n’avait que 12 ans.
Il fait ses études primaires à Vabre, puis au Lycée de Castres et passe un baccalauréat mathématique et philosophie, puis un certificat d'études supérieures de physique chimie biologie et obtient sa licence de sciences à la faculté de Toulouse en 1934.
En 1935, il entre au laboratoire de zoologie de la faculté de Toulouse où il obtient un diplôme d'études supérieures de zoologie et mène, sous la direction de A. Vandel, ses premières recherches sur les chromosomes sexuels des rongeurs.

En 1936, il entre comme boursier à l'Institut du Radium où, dans le service du professeur Lacassagne,  il entreprend deux sujets de recherche : Etude des mécanismes hormonaux entrant en jeu dans le développement de l'appareil génital des mammifères (souris) ; Etude du développement embryonnaire de la glande mammaire et des effets des hormones sexuelles sur ce développement.

De 1938 à 1939, il suit le cours de microbiologie de l’Institut Pasteur et effectue, en 1939, une première mission d'études des petits mammifères de la Corse, subventionnée par la Caisse Nationale de la Recherche Scientifique.

Mobilisé en 1939 comme sous-lieutenant d'artillerie, il regagne en 1942, le laboratoire Pasteur de l'Institut du Radium et c’est en qualité d’assistant qu’il soutient sa thèse de doctorat ès sciences :  Modifications expérimentales de la différenciation sexuelle des embryons de souris par action des hormones androgènes et oestrogènes.
L’Institut Pasteur l’envoi à plusieurs reprises en mission dans le Tarn, pour y mener des études saisonnières sur les glandes salivaires des mulots de cette région (recherche de virus). Lors de ces séjours, il prend contact avec la Résistance et rejoint, en 1944, les Forces Françaises Libres dans les rangs desquels il est blessé lors de la campagne d'Allemagne.

Jusqu’en 1959, il poursuit ses recherches sur le fonctionnement des glandes endocrines du foetus de souris, en collaboration avec M. Frilley, physicien de l'Institut Curie. Ils parviennent à démontrer que « la masculinisation du tractus génital du foetus mâle relève de l'action d'une hormone mâle secrétée par le testicule foetal ; qu'en l'absence des testicules ou en l'absence des ovaires, le tractus génital sexuellement indifférencié des embryons des deux sexes, se développe suivant le type femelle ».
C’est en collaboration avec son épouse (Jeanne Chaulin-Servinière), qu’il établit, pour la première fois « qu'un agent hormonal peut être à l'origine de malformations mammaires congénitales (de souris) ; que les substances oestrogènes sont douées d'une puissante capacité tératogène vis-à-vis de l'ébauche mammaire ». Il est promu, en 1953, chef de laboratoire à l'Institut Pasteur.

Devenu allergique aux animaux à fourrure, en particulier aux souris de laboratoire, il est contraint d'orienter ses recherches sur l'embryologie normale et expérimentale des reptiles et des batraciens. Il fait transférer son laboratoire de l'Institut du Radium dans l'ancienne maison de campagne de E. Roux, à Sannois, où il fait installer un terrarium et des aquariums, ainsi qu'un appareil à rayons X.

Ses travaux sur l'endocrinologie foetale sont couronnés par le prix Louis Bonneau de l'Académie des sciences et, en 1965, il est désigné à l'unanimité, directeur de recherches au CNRS par le Comité de biologie animale du CNRS.

De 1972 à 1977, il dirige l'équipe de recherche ER 121 du CNRS « Morphogenèse des membres et des ceintures chez lez reptiles à membres bien développés et chez les reptiles à membres rudimentaires ».
Ces travaux lui doivent de nouvelles distinctions : en 1974, prix Albert 1er de Monaco de l'Académie des sciences ; en 1975 élection à la présidence de la Société zoologique de France ; en 1978, élection au titre de membre correspondant de l'Académie nationale de médecine dans la section médecine et sciences sociales

Il prend sa retraite de l'Institut Pasteur en 1978 et quitte Sannois pour Vabre.

Il s’implique dès lors dans la vie du Haut Pays de l’Agout, devient membre de la Société des Amis du Pays Vabrais, organise des expositions au sein du village, et milite activement pour la protection de la faune et de la flore de la région. Il fut, en particulier l'initiateur du crapauduc de Vabre qui permit d'épargner de nombreuses vies de ce batracien en période de reproduction.

Mais il n’arrête pas pour autant ses recherches sur l'embryologie des reptiles et un laboratoire est aménagé dans sa maison de Vabre. Il étudie particulièrement les mécanismes de la réduction ou de la formation expérimentale des membres de reptiles serpentiformes, en particulier de l’orvet et espérait des prolongements de cette recherche dans la compréhension des processus de malformation des membres chez l'humain. Il continue à donner des conférences ; présente un rapport sur la sensibilité des embryons de vertébrés à diverses substances chimiques devant le Conseil scientifique régional de Midi-Pyrénées ;  participe au colloque international du CNRS sur Ontogenèse et évolution (1986)…

Ses travaux sur les amphibiens et les reptiles font autorité. Ils sont exposés dans son ouvrage écrit en collaboration avec son fils Jean-Luc « Les reptiles du département du Tarn : systématique et biologie» et dans divers articles dont « La faune vabraise : amphibiens et reptile. Leur intérêt, leur protection », paru en 1999 dans la Revue du Tarn (n° 1272, p. 656). En 1991, il est désigné président d'honneur du congrès de XXe anniversaire de la Société d'herpétologie de France.

Il décède à Vabre le 22 novembre 1999.

PF

D'après les Archives de l’Institut Pasteur : http://www.pasteur.fr/infosci/archives/raa0.htm