Biographies

Henri MAGNAN, géologue (Valence 1831 - Toulouse 1872)

Il est né à Valence le 2 septembre 1831. Il fait ses études aux collèges de Valence et d’Aubenas pour les terminer au Lycée de Grenoble, puis entre à l’école des mineurs de Saint-Etienne. Mais il quitte rapidement ses études pour aider son père dans l’exploitation de plusieurs houillères : Castanet, Saint-Génès (Hérault), Brassac (Cantal), Polonge, la Souche, Ouzy en Aveyron où il va s’intéresser à l’étude des mines de plomb argentifère.
Peu de temps après, il part pour l’Espagne où il visite, notamment, les houillères des Asturies et de la Sierra Morena.
De retour à Toulouse en 1864, où s’était fixée sa famille, il s’inscrit à la faculté des Sciences et de Géologie où il suit, en auditeur, libre les cours du professeur Leymerie.
Élève rapide et brillant, il s’adonne rapidement à la recherche et fait preuve d’une activité débordante. Ses premières études de terrain vont porter sur les Pyrénées.

En 1867, il découvre, la zone à Avicula contorta dans les Corbières. Ce niveau, bien connu dans le SE de la France, se place dans le Rhétien, entre les couches du Trias et celles du Jurassique. Cette découverte lui permet de rapporter formellement au Trias, la "formation des Gypses" de l’Aude, auparavant attribuée au Lias supérieur modifié par des phénomènes hydrothermaux. Toujours dans les Corbières, il indique ensuite la composition du Houiller et du Permien.

Il se voue ensuite à l’étude du Crétacé des Pyrénées où il est le premier à prouver l’existence, dans le Crétacé inférieur, des « étages » Néocomien, Aptien et Albien. Il en séparer nettement le Cénomanien qu’il rattache, avec le Turonien, au Crétacé moyen.

C’est en 1869 qu’il s’intéresse à la géologie du Tarn et du Tarn et Garonne. Dans son « Etude des formations secondaires des bords sud-ouest du plateau central de la France entre les vallées de la Vère et du Lot » , il établit le premier la stratigraphie du Jurassique du secteur de la Grésigne et, depuis, son découpage stratigraphique n’est, dans l’ensemble, pas remise en cause. Mais, comme l'a, plus tard, fait Péron (1874), l’on se doit de constater l’imprécision stratigraphique des répartitions des fossiles et le flou des successions lithologiques qui rendent son travail difficilement utilisable.
Une incompréhensible erreur d’interprétation tectonique l’amène à prendre pour du Permien marin (« Zeichstein »), le Lias inférieur du plateau de Tonnac, mais cette découverte, qui allait déjà à l’encontre de la carte de Boucheporn, est contestée par Péron (1874). Il faudra attendre les travaux de Fabre (1972) et de Delsahut (1981) pour que l’hypothèse de la présence du Permien supérieur (évaporitique) en Grésigne soit à nouveau évoquée, cette fois dans la partie ouest de la Grésigne.

On lui doit la première définition de la « faille de Marnaves », que Bergeron nommera ensuite « faille de Villefranche » (de-Rouergue). Il envisage que « les érosions et les failles ont joué partout un rôle de premier ordre et qu’autrefois les terrains secondaires recouvraient une grande partie de cet immense plateau (central) ».

Magnan s’attaque en 1870 au problème des conglomérats et réfute en bloc les théories de Boucheporn « l’Eocène n’est pas faillé… cette absence de brisure nous conduit à admettre que les vallées se sont formées par voie d’érosion et d’affouillements successifs ». Son analyse des dépôts conglomératiques que l’on retrouve à diverses altitudes du Castrais l’amène à adopter une attitude diamétralement opposée et à considérer que, des basses terrasses aux niveaux les plus élevés que sont les Mont de Saix, les cailloutis sont d’anciennes terrasses alluviales quaternaires « représentant l’ancien lit de l’Agout à l’époque où cette rivière se jetait dans la Méditerranée ».
Il distingue cependant les conglomérats « à galets impressionnés » de Puylaurens et de Saint-Félix, situés « à un niveau plus élevé que la terrasse la plus haute, c’est à dire, 350 mètres d’altitude », qu’il attribut « à une action diluvienne générale » et qu’il rattache à l’Eocène supérieur*.

* Contrairement à ce qui est écrit par Durand-Delga (2003), la lecture attentive du texte un peu ambigü de Magnan, nous montre que celui-ci avait bien reconnu le caractère « éocène supérieur » des Conglomérats de Puylaurens.

Il décède prématurément le 3 Juillet 1872, laissant plusieurs travaux encore non publiés. En l’espace de cinq ans, de 1867 à 1872, ses publications sont au nombre de 22.


Travaux de Henri Magnan sur le Tarn

MAGNAN H. (1869) - Etude sur les formations secondaires des bords S.-O. du plateau central de la France entre les vallées de la Vère et du Lot. Bulletin de la Société d’histoire naturelle de Toulouse, 81 p.

MAGNAN H. (1870) – Notice sur le terrain quaternaire des bords de la Montagne Noire entre Castres et Carcassonne et sur l’ancien lit de l’Agout. Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Toulouse, t. 4, p. 120.