Biographies

Antoine de GENSSANE, ingénieur, mineur (175? - 1782)

On sait peu de chose sur l’ingénieur de Genssane, ni son lieu de naissance, ni le cursus qui l’a amené à devenir l’un des inspecteurs des mines les plus reconnus du milieu du XVIIIè siècle. Vraisemblablement chargé de régir ou d’inspecter des exploitations de houille ou de minerais, il nous apprend lui-même qu’il dirigea des travaux en Bretagne et nous le retrouvons en 1738 aux mines de Pont-Péan alors qu’il perfectionne la « machine à Lanterne », qui permet de pomper l’eau des puits de mine (Cudenec J.P, 2013).
Il séjourne longtemps en Alsace et en Franche-Comté où il devient concessionnaire des mines de Plancher-les-Mines (Haute-Saône). Son mémoire sur les mines d’Alsace, des Vosges et de Bourgogne (1756) sera inséré par Nicolas Gobet dans « Les anciens minéralogistes du Royaume de France » (1779). Il y est admis comme membre correspondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris dès 1757.
Il a aussi voyagé en Allemagne d’où il rapporte de nouveaux procédés techniques qui lui permettent de présenter à l’Académie divers mémoires concernant l’exploitation minière, dont un « Traité de la fonte des mines par le feu du charbon de terre » (1770) et une « Géométrie souterraine » (1776).

Tel est le parcours de Genssane lorsque les États du Languedoc font appel à son expertise. Vers la fin du règne de Louis XV, la rareté et le prix excessif du bois de chauffage mettent en difficulté un certain nombre d’industrie. Sa substitution par du charbon de terre devient une priorité. On savait aussi que l’on pourrait tirer de considérables profits de l’exploitation des métaux qui sont dans certaines localités très abondants. Ainsi la mission principale de de Genssane était de rechercher tous les gisements de houille et de métaux, avec la recommandation d’indiquer aussi les meilleurs méthodes pour extraire les richesse naturelles du sol.

Il débute ses explorations en 1775 et ses rapports sont livrés à l’impression au fur et à mesure de leur avancée concourant à l’élaboration des cinq volumes de l’ « Histoire Naturelle de la province du Languedoc ; partie minéralogie et géoponique » parus entre 1776 à 1779. Chacun des volumes débute par un « discours préliminaire », où l’auteur exprime ses idées et théories. Il se poursuit par des descriptions du pays, diocèse après diocèse.

Ses visites en pays aquitain paraissent en 1777 avec la description des diocèses de Castres et de Lavaur, celles des diocèses de Toulouse, de Montauban et d’Albi, suivront en 1779, date à laquelle prendra fin sa mission.

C’est sur la « Montagne tarnaise » qu’il est le plus prolixe, avec l’abondance des mines de fer, dans les environs d'Alban, de plomb près de Réalmont, de cuivre près d'Escoussens... et les nombreuses considérations sur les conditions et améliorations possibles de leur exploitation.
Le « charbon de terre » fait l’objet de descriptions particulièrement exhaustives et détaillées, n’oublions pas que c’était l’essentiel de sa mission : charbon de Carmaux sur lequel il s’étend très longuement ; veine de charbon du Château du Cayla près de Réalmont, jusque là, il s’agit de charbons carbonifères ; « … charbon de terre…. au bord du Thoré près de La Bruguière… d’un charbon faible et terreux… », cette fois situé sous les Calcaires lutétiens de Castres…
Curieusement de Genssane nie l’origine végétale du charbon qui dériverait d’« une vase limoneuse de la mer, imprégnée d’une substance bitumineuse ».

Il admet l’origine marine de la plupart des roches, calcaires, argiles, schistes et… granite, mais ne reconnait pas leur superposition et ne donne sur les fossiles que des indications vagues et erronées, ne soupçonnant en rien l’importance qu’ils allaient prendre dans les reconstitutions de l’histoire du globe. Il conclut cependant à la « très-longue suite de siècles pour former et pétrifier ces amas immenses de matières animales. » De Genssane se montre ainsi partisan d’une durée longue pour le globe, alors que, sous l’influence des Livres Sacrés, les 6 ou 7 « jours » de la Genèse étaient parfois traduits par 6.000 ou 7.000 ans !
En pays molassique aquitain, il est moins disert. Il y voit « des marnes, parfois argileuses, dites terre de lisse, parfois très sablonneuses… ». A défaut de ressource minérale marquante, il s’étend sur des sujets aussi divers que l’agriculture, l’exploitation des forêts, le niveau de vie des populations, les industries, les voies de communication... autant de témoignages qui font l’intérêt de ses voyages.

Il devient directeur des mines du Languedoc et devient de l’Académie de Montpellier. Il est épaulé la dernière année par son fils, sans doute cadet, qui lui succède dans sa charge. On pense qu’il mourut en 1782.

Admis comme membre de la Société des Sciences de Montpellier, son fils y présente plusieurs mémoires, l’un d'eu datant de 1778, relatif à une espèce de charbon existant en Comminges, un autre sur la circulation de l’air dans les mines (Cabié, 1896). Il est sans doute cité en 1788 comme concessionnaire et directeur d’une mine d’argent et de plomb situé à Vialas. Après cette date, le nom des de Genssane n’apparaît plus dans aucune publication.

PHF

Sources :

- Un ingénieur du siècle des lumières. Antoine de Gensanne, par M. Durand-Delga. ce site

- Les diocèses de Castres et de Lavaur vers 1776. Nature du sol, mines et Agriculture , par M. DE GENSSANE, avec une notice biographique sur cet auteur par E. CABIE. Revue du Tarn, 1896, t. XIII, p. 2-8 et p. 161-179

- Pont-Péan au fil du temps, par J.P. Cudenec (2013). (http://envor2004.free.fr/cariboost1/crbst_1.html)
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