Biographies

Henri PROUHO (Rabastens 12 février 1854 – 25 mai 1921)

Né à Rabastens, il est issu d’une famille bourgeoise. Son père, licencié en droit, est plusieurs fois maire de Rabastens. Après des études secondaires à Toulouse, il est admissible à l’école polytechnique en 1873 et en 1874, mais choisit d’entrer à l’école centrale des Arts et Manufactures en 1874 d’où il sort en 1877, dixième de sa promotion, avec le titre d’Ingénieur des arts et manufactures.

Après avoir servi dans des sociétés privées, il renonce à l’industrie et, sans que l’on en connaisse les raisons, s’inscrit en sciences naturelles, à la Sorbonne en 1881. Il devint deux ans plus tard, préparateur auprès de Henri de Lacaze-Duthiers, membre de l’Institut, fondateur de la station biologique de Roscoff et du laboratoire Arago de Banyuls sur mer.
C’est précisément en 1883, alors que ce laboratoire est inauguré, que Prouho obtient sa licencie ès-sciences naturelles à la Sorbonne. Un an et demi plus tard (1885), il est recruté en tant que préparateur par Lacaze-Duthiers et affecté à Banyuls, y secondant le directeur de l’époque, Georges Pruvot.

Délégué de ce laboratoire, Prouho s’occupe de la gestion courante tout en préparant sa thèse de doctorat d’état. Tout naturellement, Lacaze-Duthiers oriente les travaux de Prouho vers l’étude des invertébrés marins et, tout particulièrement, sur les conditions de leur développement, mettant à profit toutes les nouvelles techniques d’observation des tissus offertes par l’histologie.

Sa thèse d’état portait sur l’écologie de 11 espèces d’oursins et comportait la monographie d’une espèce, Dorocidaris papillata, espèce choisie comme modèle de référence. Il est le premier à décrire certains stades larvaires des oursins, à étudier leur structure et à décrire leur développement.

Docteur ès-sciences naturelles en 1887, il poursuit ses études sur les échinides qui constituent son matériel privilégié. Il s’intéresse ensuite à l’anatomie, à l’histologie et au développement des larves de Bryozoaires (les Cténostomes). Il entreprend ensuite un programme d’études sur un groupe de vers parasites marins, les myzostonides. Durant sa courte carrière, de 1885 à 1895, les publications scientifiques de Prouho sont au nombre de 24.

Il conserve son poste à la Sorbonne et au laboratoire Arago jusqu’en 1892, puis postule pour un poste de maître de conférences de zoologie à la Faculté des sciences de Lille. Mais sa venue ne laisse d’autre trace que celles figurant sur des documents administratifs.
Pourtant, il reçoit le prix Kuhlmann, Grand-Prix des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille, décerné conjointement à lui et au célèbre mathématicien Emile Borel, professeur adjoint à la même Faculté en 1898.

Nommé professeur-adjoint en 1896, il exerce jusqu’à la fin de 1897, puis rentre à Rabastens pour des raison de santé, avec un salaire progressivement réduit. Il finit par donner sa démission en 1901, à l’âge de 47 ans.

Il vit pourtant encore plus de vingt ans dans sa ville natale et l’on peut se demander si, plus encore que des problèmes de santé, un certain désintéressement et la nostalgie du ciel du Midi, n’ont pas motivé sa retraite anticipée. Prouho fait de multiples voyages, preuve qu’il est physiquement en mesure de les effectuer. Il est aussi un grand amateur de voitures et de photographie.
Il dispose de suffisamment de ressources et de biens pour mener une vie décente sans exercer d’activité professionnelle. Il n’est donc pas impossible qu’il ait agi autant par choix délibéré que pour cause de maladie.

 

D’après : D’HONDT J.-L. (2004) - Un zoologiste tarnais méconnu : Henri Prouho (1854-1921). Revue du Tarn, n° 194, p. 317-326.