Biographies

MIÉGEMARQUE Jean-Henry (Asson 24 juillet 1857 – Gaillac 15 décembre 1903)

Il passe son enfance et son adolescence dans les montagnes de la vallée d’Ossau, au gré des changements d’affectation de son père qui assure son éducation et l’initie très tôt à la passion de la chasse. L’amour de la chasse, de la montagne et des animaux ne le lâchera plus.

Poursuivant la voie de son père et de son grand-père maternel, il devient instituteur le 1er mars 1877. Il est nommé à Constantine, en Algérie, puis dans les Basses-Pyrénées, mais sera révoqué en 1889 après de multiples plaintes, son caractère et ses comportements étant peu compatibles avec sa fonction.

Parallèlement à sa fonction d’instituteur, Miégemarque s’adonne passionnément à la chasse et à l’étude des animaux. Il est aussi un habite taxidermiste, ce qui lui permet de s’afficher, dès 1880, comme « naturaliste – préparateur ». En 1888, il est admis à la Société zoologique de France à laquelle il est présenté par l’ornithologue Joseph de Cazenove et le président de la société, le biologiste marin Jules Jullien.
A sa révocation, il se voit forcé de compter uniquement sur son cabinet de naturalisation de Saint-Abit pour gagner sa vie. Il fournit alors divers Muséum et quelques amateurs, en spécimens qu’il chasse dans la plaine de Nay et la montagne béarnaise. Il reçoit aussi des animaux à naturaliser. Gaston Hiriart, conservateur du Muséeum de Bayonne (récemment ravagé par un incendie) reste l’un de ses principaux clients.

Au printemps de l’année 1893, il parvient à obtenir le poste de Conservateur du petit Musée d’Histoire Naturelle de la station thermale d’Eaux-Bonnes, en vallée d’Ossau. Cet établissement, créé en 1875 à partir des collections du célèbre berger-botaniste Pierrine Gaston Sacaze (1797-1893), prendra une certaine ampleur grâce à Miégemarque qui enrichira et diversifiera ses collections, tout en assurant l’accueil et la surveillance d’un public nombreux. Mais, mal rémunéré, il démissionne le 28 juillet 1894, son épouse vient de décéder à l’âge de 38 ans seulement.

Libéré de ses obligations familiales et certainement dévoré par l’envie de voyager, il passe plusieurs mois au Dahomey en tant qu'explorateur naturaliste correspondant du Muséum d’Histoire naturelle de Paris. Ses chasses sont fructueuses mais la malaria l’empêche souvent de naturaliser le jour même des animaux que la chaleur gâte très rapidement. Il quitte Porto-Novo en avril 1895 « anémié et abattu par les fièvres paludéennes » et met quelques mois à s’en remettre dans son Béarn natal. Il racontera son voyage sous forme de feuilleton, dans le Mémorial de Gaillac.

Grâce à son ami Léon Hiriart, Conservateur du Musée de Bayonne, il devient le premier conservateur nommé par le Dr Philadelphe Thomas fondateur et donateur du musée d'histoire naturelle.
Peu de temps après son arrivée à Gaillac, il se marie en seconde noces avec Berthe Céline Micouleau, qui lui donnera cinq enfants. Ce mariage lui permet de vivre à l’abri des difficultés financières et de vivre des jours paisibles. Miégemarque s'investit à fond pour le musée dont il enrichit les collections de ses propres captures béarnaises et de spécimens prélevés aux alentours de Gaillac. On peut évaluer son apport à environ 250 spécimens.

Parallèlement au feuilleton sur le Dahomey, Miégemarque publie, toujours dans le Mémorial de Gaillac, une chronique de chasse et d’ornithologie qui seront ensuite rassemblées pour constituer son ouvrage principal, Esquisses ornithologiques. Chasses pyrénéennes, publié à Gaillac en Janvier 1902. Il signe là un ouvrage remarquable, actuellement régulièrement cité par les ornithologues.

Son caractère particulier lui occasionnera d'autres déconvenues et Philadelphe Thomas lui annonce son remplacement au poste de conservateur par le botaniste et mycologue Jules Bel. Il meurt d'usure et de maladie le 15 décembre 1903, à l’âge de 46 ans seulement.

Crédit photo : Muséum de Bayonne

D’après :

DUCHATEAU S., DANNEELS T. et NICOL A. (2004-05) - Henry Miégemarque. Naturaliste et conservateur du Muséum Philadelphe Thomas de Gaillac. Bulletin de la société tarnaise des sciences naturelles, p. 22-27.

DUCHATEAU S. et DANNEELS T. (2007) - Aux origines du musée d'histoire naturelle Philadelphe Thomas. Henry Miégemarque. Huit ans à Gaillac . Revue du Tarn, n° 208, p. 715-727.