Dossier
LES GISEMENTS DE VERTEBRES FOSSILES DU TARN
HISTORIQUE DES DECOUVERTES ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
LE LUDIEN (EOCENE SUPERIEUR)
GISEMENTS DES MOLASSES DE BLAN
Vielmur-sur-Agout. Ludien inférieur (MP 17)
Noulet (1863, p. 185) nous indique « Je dois à Mr Alby,… quatre couronnes de dents molaires de la même espèce - Lophiodon lautricense -, en très bon état de conservation. Elles furent retirées de la molasse de Vielmur, gisement qui a fourni des restes de Palaeotherium magnum et Paloplotherium minus et des os de grand crocodile ».
Trois prémolaires supérieures de L. lautricense et plusieurs dents de Palaeotherium castrense sont bien identifiées par Stehlin (1904, p. 447) dans la collection Noulet, mais n’y sont pas retrouvées par Richard (1946, p. 50).
La vertèbre de crocodilien a pu être examinée par Astre (1931, p. 50) et identifiée à Pristichampsus rollinati.
Hervet (2003, p. 337) signale, en outre, la présence d'un chélonien, Allaeochelys sp. et d'un Testudinidae aquatique indéterminé du groupe "Palaeochelys - Mauremys".
Le site de Vielmur est également cité par Vasseur (1896), Caraven-Cachin (1898 p. 290), Stehlin (1903, p. 95) et Frantzen (1969), qui tous le placent dans le Bartonien supérieur. Aucun de ces auteurs ne donnera de précision sur la localisation précise du gisement.
S'agit il du même gisement ? Un niveau fossilifère est découvert en 1986 par les paléontologues Didier Thomas et Alain Galoyer dans la falaise qui, en rive gauche de l’Agout, fait face au village de Vielmur, mais se situe sur la commune de Puylaurens. Le contenu fossilifère de ce gisement et leur site de conservation nous est inconnu.
Il est intéressant de signaler ici que, par leur découverte de poteries, ces deux paléontologues sont à l'origine de la découverte du site archéologiue proto-historique de Cordouls (communication orale de J.L. Enjalbert).
Le site est ensuite exploré par le géologue J.L. Severac qui récolte de nombreux débrits de vertébrés dans un chenal gréseux situé dans le tiers inférieur de la falaise de l'Agout, plusieurs dents et plaques de crocodites, de nombreux ossements de Paléothéridés, dont un maxillaire (ci-dessous) et un fragment de mâchoire de Plagiolophus annectens (déterminations B. Sigé, J. Remy et F. Duranthon) (ci-dessous). Tous ces fossiles sont encore conservés dans les collections du Lycée Barral, à Castres.
Le niveau fossilifère, qui surmonte le Calcaire de Cuq-lès-Vielmur d'une dizaine de mêtre, se place donc bien stratigraphiquement dans la partie inférieure des Molasses de Blan et son âge Ludien est attesté par la précence de Plagiolophus annectens (figure ci-dessous).
Machoire inférieure de Plagiolophus annectens de Vielmur (coll. Lycée Barral)
L'attribution du gisement de Vielmur, non au Bartonien supérieur, mais bien au Ludien inférieur,
biozone MP17
est alors vraisemblable.
Il est à noter que si l'âge de de ce gisement est confirmé, il s'agit du seul témoin fossilifère du Ludien inférieur dans le département du Tarn.
Maxillaire de Paléothéridé du Ludien inférieur de Vielmur (coll. Lycée Barral)
Un second niveau fossilifère est récemment reconnu dans le talus du premier virage de la RD de Vielmur à Puylaurens, cette fois sur le flanc sud du plateau de Cordouls. Les prospecteurs du Groupe Archéologique du Puylaurentais, dont M. Ph. Pergent, ont pu en extraire d'une barre gréseuse chenalisées de nombreux restes d'un chélonien du genre Trionyx.
Cuq-les-Vielmur (Ludien supérieur, MP 18)
C’est Stehlin (1906, p. 976-977) qui a fait connaître la présence au musée de Gaillac d’une mandibule de Xiphodon gracile. Cet échantillon, y est toujours conservé (n° R38) (figuré ci-dessous). Il aurait, d’après l’étiquette, été donné par M. Cambos, instituteur à Cuq et proviendrait de la propriété de M. Raynaud, située « un peu au-dessous du niveau du château de Cuq ».
Cette information est reprise par Richard (1946)* et Sudre (1978, p. 134) qui situent le fossile dans le Ludien supérieur, à un niveau correspondant à la partie inférieure de la Molasse de Blan.
Le Xiphodon gracile de Cuq-lès-Vielmur. Collection du Musée de Gaillac
* Richard n’a pas visité la collection de Gaillac lors de son inventaire effectué entre les années 30 à 40. Le musée de Gaillac est resté fermé entre le départ de Jules Bel, en 1922, et l’arrivée au Muséum de Ludovic Thomas, en 1942.
Lautrec - Château de Malvignol
Des débris de Trionyx sp. de la collection Noulet de Toulouse, portant cette mention, proviennent vraisemblablement de cet horizon stratigrahique (n° 2013.0.210).