Dossier

UN PATRIMOINE GEOLOGIQUE PEU CONNU : LES GISEMENTS DE VERTEBRES FOSSILES BARTONIEN SUPERIEUR DU CASTRAIS
HISTORIQUE DES DECOUVERTES ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

 

Les paléoclimats

Les meilleures indications paléoclimatologiques peuvent être déduites de l’étude de la composition des faunes et surtout de l’étude des peuplements végétaux.

Toutes les données indiquent que l’Eocène connaissait un climat plus chaud que l’Actuel

Les écosystèmes fossiles du sud de l’Europe témoignent de ce climat, avec des faunes dominées par les reptiles, parmi eux de très nombreux crocodiles et des tortues. Tous les reptiles sont incapables de maintenir une température corporelle constante. Leur abondance atteste donc une température en permanence plus chaude, voir très chaude. Les Crocodiles ne peuvent vivre et se reproduire que dans des régions dont la température annuelle dépasse une moyenne de 20°.

La paléoflore, essentiellement constituée de plantes tropicales ou subtropicales comme le palmier, atteste d’un climat à tendance très chaude.
L’abondance, dans le Castrais, des feuilles fossiles de Sabal major, en témoigne (photo ci-contre. provenance la Massale).

Ce réchauffement climatique global, amorcé au début de l’Ere tertiaire, connait son maximum au passage du Paléocène à l’Eocène, période qualifiée de «Le maximum thermique Paleocene-Eocene ». L’Eocène jouit ensuite d’une température moyenne globale élevée, de 6 à 7° supérieure à la moyenne actuelle, très homogène à l’échelle du globe. Le gradient de température pôle – équateur est moitié de l’actuel. Les calottes glaciaires disparaissent et les régions polaires se couvrent de forêts tempérées. Les océans se réchauffent de façon importante.

Un climat de type tropical humide et pluvieux, se maintient sous nos latitudes.

Le climat est demeuré chaud pendant toute la durée de l’Eocène, amorçant à la fin de l’Eocène un lent refroidissement, rapidement suivi par une baisse brutale des températures. Un minimum thermique se situe à la limite Eocène – Oligocène.  Cette période est marquée par d’importants remaniements des faunes et une nouvelle phase d’extinction, épisode qualifié de « Grande Coupure » par H.G. Stehlin (1909).

 

Les paléoenvironnements

Les faunes de vertébrés évoquent un environnement très humide, parsemé de marécages et de lacs et parcouru d’un réseau fluvial alimenté par les reliefs voisins naissants.
Les Lophiodons, d'après les données connues de l'étage Lutétien, semblent parfaitement à l'aise dans un milieu humide et marécageux (image ci-dessous).


Les reptiles et, parmi eux, les crocodiles et les tortues, sont particulièrement bien adaptés à cet environnement aquatique. Chez les tortues, les genres Trionyx et Allaeochelys sont des formes à carapace molle, surbaissée, fusiforme. Ces particularités anatomiques leur confèrent une parfaite adaptation à la nage en milieu agité, comme le serait un environnement de type fluviatile.


Sur les terres, on peut imaginer que les mammifères s’épanouissent dans un paysage boisé, abritant des rongeurs, des Suidès, des primates et des carnassiers primitifs.

Les environnements de dépôt des molasses tertiaires du Castrais sont ceux d’une plaine d’inondation dépourvue de reliefs bien définis. Les fleuves ou les deltas fluviatiles abandonnent une sédimentation alternativement limoneuse, sableuse et conglomératique. Les bancs les plus grossiers, gréseux ou conglomératiques, toujours discontinus, lenticulaires et à stratifications entrecroisées, témoignent de la puissance des cours d’eau, dont certains apportent des galets d’origine paléopyrénéenne jusqu’à la latitude de la région de Castres (Vasseur, 1893).

Leurs bras multiples et les méandres sont autant de pièges pour les restes de vertébrés.


Reconstitution d'un paysage de marécages au Bartonien.
Un Palaeotherium, un Xiphodon et plusieurs Hyaenodons

L'important développement, vers la fin du Bartonien, de mammifères comme les Palaeotherium et les Xiphodon, dont les pattes sont bien adaptées à la course, permet de supposer une ouverture progressive des milieux forestiers avec assèchement des marécages, vraisemblablement en rapport avec l'amorce, dès le milieu du Bartonien, d'un refroidissement progressif du climat.

suite. Gisements des environs de Viviers