Dossier : Les sources de Lacaune

 

SOURCE DE BEL-AIR

TOUTE UNE HISTOIRE

C'est en 1609 à l'occasion de travaux de réfection du réservoir permettant l'arrosage des prairies de BEL-AIR à 1200 mètres à l'Est de LACAUNE,  que l'on constata l'existence d'une très ancienne construction ayant toute  l'apparence d'une piscine de l'époque Gallo-Romaine. La source qui  alimentait ce réservoir était abondante et tiède, et il est probable que les  Romains, grands amateurs de thermalisme, ont profité de la situation pour y aménager des thermes. La source se situe dans une région à l'intersection de deux importants systèmes de failles verticales, de directions respectives WNW-ESE et NNW-SSE.

En 1610 l'Assemblée Diocésaine de CASTRES accorda une somme de 100 Livres pour réaliser les travaux sur la piscine existante, et la Communauté de la ville de LACAUNE ajouta une somme identique.

L'Evêque de CASTRES ayant appris que ces eaux prises en boisson ou en bain étaient propres à guérir plusieurs maladies, en fit part à l'Assiette Diocésaine. Souffrant lui-même de la gravelle, il y est allé au mois de Juillet 1635, et en a découvert les vertus, ainsi que ses domestiques. Il demanda que deux bains soient ouverts, un pour le peuple, l'autre pour les personnes de qualité. L'Assemblée de 1636 vota 1500 Livres pour cette restauration, mais tous ces aménagements tombèrent en décrépitude par manque de gestion, après avoir joui pendant quelques temps d'une certaine réputation. Ce n'est qu'en 1804 que Joseph TERRAL, homme de Loi à LACAUNE, fit une demande préfectorale pour effectuer des analyses sur la source qui jaillissait, à cette époque, par trois griffons, dans un sous-sol de roches verdâtres ( roches magmatiques ) située dans une prairie nommée en ce temps : Le-Prés-Des-Pauvres. Compte tenu du bon résultat des analyses, il demanda l'autorisation d'exploitation pour la source « thermominérale », dont le débit était de 40 000 litres à l'heure, à une température de 23 degrés centigrades.  

En 1826, le 17 Janvier, le Préfet du Tarn s'informait auprès du Maire de LACAUNE d'une source d'eau chaude sur le territoire de sa commune, et demandait qu'on lui en fît rapport en tous détails.

Semble t-il, il n'y eut pas d'exploitation, et c'est vers 1860 que Louis CORDBER, Ingénieur des Mines, ayant fait un rapport sur les mines de fer de LACAUNE, nous renseigne sur la situation et les structures des eaux thermales. Il précise que la ville est bâtie à l'extrémité extérieure d'un vallon ouvert à l'Ouest, et que c'est à la naissance de ce vallon, au milieu des prairies, à un kilomètre en amont de l'agglomération que la source se trouve. Elle consiste en une mare d'eau de 10 mètres sur 10, et d'une profondeur moyenne de 1 mètre. Ce réservoir est rempli d'une eau limpide, de saveur nulle, et sans odeur particulière. Sa surface n'est troublée que par des bulles de gaz.

François FOURES obtint en concession pour 99 ans l'exploitation de ces eaux, et édifia un établissement composé de deux piscines, deux chauffoirs et trente deux baignoires. Cependant ni FOURES, ni D'ORIENT DE BELLEGARDE son successeur, ne purent obtenir les autorisations légales, et l'Etablissement thermal cessa son activité.

Le 6 Septembre 1874, le Comte Ludovic De NAUROIS, propriétaire et habitant le château de Calmels à LACAUNE, acheta l'ensemble des installations et des terrains environnants pour 35 000 Francs-Or. Il fit construire un bel établissement renfermant 25 cabines de bains, bien aménagées, une belle installation de douches, plus de 80 chambres et une très agréable salle à manger, avec de vastes dépendances, le tout sur 3 niveaux.

Vers les années 1890, les eaux thermales de LACAUNE connurent une ère de splendeur, et la renommée fut si grande qu'un arrêté ministériel fut pris le 3 Septembre 1913 pour stipuler que « la Commune de LACAUNE est érigée en station hydrominérale et climatique, et qu'elle deviendrait à partir de ce jour : LACAUNE-LES-BAINS.

L’établissement, qui fut rapidement rénové, mais ne comporta plus que deux  niveaux. Pendant les années de gloire, furent construits : un casino et un cinéma  et un train tiré par des chevaux amenait les curistes aux thermes. On comptait déjà 3 hôtels : MOUTOU, FUSIES, et BASTIDE, qui étaient desservis par 3 omnibus.

1912 fut une année de difficultés financières dues à une mauvaise gestion, et la guerre de 1914 débutant en pleine saison estivale, précipitèrent la décadence de l'établissement, et la faillite du Comte De NAUROIS, qui avait dépensé plus de 50 000 Francs-or à cette cause.

Les lieux furent loués à une organisation humanitaire Américaine, qui portait secours aux enfants évacués des zones occupées ou dangereuses. C'est sous le contrôle de cette administration que Mademoiselle Louise DE ROSE, nièce de De NAUROIS, dirigea l'établissement, et à la fin de la guerre, après le départ des Américains, elle poursuivit les activités, et en fit un préventorium qui prit le nom de : Préventorium SAINT-MICHEL.

Entre les guerres de 1914 et 1940, ce préventorium eut une ère de prospérité nouvelle, avec plus de 300 enfants pensionnaires, et entre 1925 et 1930, les Lacaunais utilisaient ces eaux aussi pour soigner les animaux.

La direction passa ensuite à HUON DE SEVIN qui en fit un aérium, compte tenu de l'exceptionnelle qualité de l'air des Monts de LACAUNE.

En 1965 l'établissement fut acheté par Joseph BONNET, Maire et Docteur en médecine à LACAUNE, et en 1982 il le revendit à la commune de VITROLLES dans les Bouches-Du-Rhone, qui l'aménagea en centre de vacances pour adultes et enfants.

Un phénomène souterrain s'est passé, pour une raison indéterminée, et la source a perdu son intensité ! La mairie de LACAUNE a racheté l'ensemble du complexe, et a fait procéder à un nouveau captage de la source, par sondages, en 1989.

Les forages qui ont été réalisés jusqu'à 196 mètres de profondeur ont permis de retrouver un débit de 39,5 mètres cubes à l'heure, dans un sous-sol de calcaires et de dolomies, et une eau faiblement minéralisée, bicarbonatée, calco-magnésiennne, à 20 degrés centigrades en hiver, et 24 degrés en été.

Par décision de la Communauté des Communes des Monts de Lacaune, l'établissement thermal sera détruit. Des études ont déterminé un état de vétusté très avancé, les bases du bâtiment principal en bois, étant en état de décomposition, et l'ensemble devenant dangereux. Une piscine couverte /découverte remplacera ce complexe.

Cette piscine bénéficie d'une eau thermale naturelle à 23 degrés de moyenne, ce qui contribue à maintenir à LACAUNE-LES-BAINS sa notoriété de « Cité Thermale », facilitera la vie des Lacaunais, et permettra de fixer les touristes en un lieu agréable et ludique, bénéfique en milieu montagnard, en été et en hiver.

PROPRIETES

Ces eaux sont reconnues par de nombreux praticiens qui ont choisi LACAUNE pour leur sujet de thèse médicale. Elles sont alcalines et arsenicales, utilisées avec succès dans diverses formes de maladies cutanées, dans toutes les manifestations de la diathèse scrofuleuse, combattent les états morbides, sont utilisées dans les diverses localisations de l'état rhumatismal, dans les défauts ou vices de l'innervation, dans les affections du foie et les engorgements abdominaux ainsi que dans la gravelle urique, la goutte et la métrite chronique. Elles s'administrent en boisson, en bain, douches ou irrigations

CARACTERISTIQUES - ( analyses effectuées )

ACIDE CARBONIQUE LIBRE------------------------ Sans dosage
BICARBONATE DE CHAUX-"------------------------ 0,546
BICARBONATE DE MAGNESIE--------------------- 0,130
BICARBONATE DE PROTOXYDE DE FER------- 0,135
BICARBONATE DE MANGANESE ( LITHINE ) TRACES
BICARBONATE DE SOUDE--------------------------- 0,056
CHLORURE DE SODIUM-------------------------------0,039
CHLORURE DE CALCIUM-----------------------------TRACES
SULFATE DE CHAUX---------------------------------- -0,008
SULFATE DE MAGNESIE------------------------------ 0,053
On y trouve encore des traces de silicate de chaux, et de potasse, d'arsenic,de cuivre, d'iode ( ? ), d'acide nitrique et des matières organiques en très petite quantité.

Retour / Suite